Dopage et conduites dopantes
Résumé de la fiche
Le dopage consiste à utiliser des substances ou des méthodes inscrites sur une liste noire mise à jour par l’Agence Mondiale Anti-dopage dans le cadre d’une pratique sportive. On le distingue des « conduites dopantes », qui englobent l’ensemble des pratiques pour augmenter ses performances (ex. « dopage intellectuel », consommation de stupéfiants pour stimuler sa créativité artistique…).
Les médicaments interdits concernent notamment les androgènes et les facteurs de croissance, mais aussi certaines classes largement prescrites comme les bêta-2-agonistes, les glucocorticoïdes, les diurétiques et les bêta-bloquants (pour certains sports).
La procédure d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques permet à un sportif de déroger aux interdictions.
Item(s) ECN
80 : Dopage et conduites dopantesMédicaments existants
Les méthodes de dopage sont la consommation de substances interdites, la manipulation de sang ou de composés sanguins (dont la dialyse), la manipulation chimique et physique (ex. adultération d’un échantillon de dépistage) et le dopage génétique (ex. édition ou silençage génétique).
Environ 5-10 % des contrôles antidopages reviennent positifs. Les sports individuels sont davantage concernés par le dopage que les sports d’équipe : le body-building, l’athlétisme, le cyclisme et l’haltérophilie recensaient 2/3 des violations recensées en 2019.
Liste des substances interdites en 2023
SUBSTANCES INTERDITES EN ET HORS COMPETITION
INTITULE | EXEMPLES | EFFETS RECHERCHES |
Agents anabolisants (stéroïdes anabolistants androgènes et autres agents anabolisants) | Testostérone | Augmentation de la masse musculaire, action sur la performance et la résistance à la fatigue |
Hormones peptidiques, facteurs de croissance, substances apparentées et mimétiques |
Erythropoïétines, Hormone de croissance, VEGF, IGF-1 |
Augmentation de l’érythropoïèse (amélioration de l’endurance par augmentation du transport de l’oxygène) Augmentation de la masse musculaire, Augmentation de la vascularisation, de la croissance des tendons et ligaments, du métabolisme protéique… |
Bêta-2 agonistes | Tous sauf salbutamol, formotérol, salmétérol et vilantérol inhalés(1) | Amélioration de la fonction respiratoire, augmentation résistance à l'effort |
Modulateurs hormonaux et métaboliques |
Inhibiteurs d'aromatase (ex. létrozole) SERM (ex. tamoxifène) |
Diminution de la synthèse d’œstrogènes, modifications du métabolisme (notamment glucidique, protéique et osseux), augmentation de la masse musculaire, diminution des effets indésirables d’autres substances anabolisantes |
Diurétiques et agents masquants(2) | Hydrochlorotiazide, furosémide, mannitol, desmopressine | Aide à la perte de poids, masquage d’autres produits dopants (dilution des urines par augmentation de la diurèse ou augmentation de la clairance d’élimination sanguine) |
(1) : Leur utilisation est autorisée dans la limite de doses maximales journalières précisées par l’agence mondiale anti-dopage
(2) : Leur détection associée à une substance dont l’utilisation est soumise à un niveau seuil (ex. salbutamol) est considérée comme un résultat d’analyse anormal
Toute substance non approuvée pour une utilisation thérapeutique chez l’humain est également interdite en et hors compétition
SUBSTANCES INTERDITES EN COMPETITION
INTITULE | EXEMPLES | EFFETS RECHERCHES |
Stimulants | Amphétamines(1), cocaïne, cathinones | Réduction de la fatigue, amélioration de la vigilance et de la concentration, diminution du temps de réaction |
Narcotiques | Héroïne, morphine, fentanyl, oxycodone(2) |
Diminution de la douleur, effet sédatif, euphorie |
Cannabinoïdes | Cannabinoïdes naturels (THC) ou synthétiques(3) | Amélioration du relâchement musculaire, anxiolyse, amélioration du sommeil |
Glucocorticoïdes |
Tous(4) |
Psychostimulants, augmentation de l’endurance et de la tolérance à la douleur |
(1) : Y compris les amphétamines « cachées » telles que le méthylphénidate et le modafinil (indiqués notamment dans le traitement de la narcolepsie), la sélégiline (antiparkinsonien), et la pseudoéphédrine à fortes posologies (décongestionnant) ; d’autres stimulants moindres comme la caféine et la nicotine font l’objet d’une surveillance mais ne sont pas considérées comme des substances interdites
(2) : La codéine et le tramadol ne sont pas interdits, toutefois le métabolisme de la codéine peut être à l’origine d’un dépistage positif à la morphine
(3) : Le cannabidiol (CBD) n’est pas interdit, toutefois la présence de traces de THC dans les produits à base de CBD peut être à l’origine d’un dépistage positif
(4) : Tous les glucocorticoïdes sont interdits en compétition s’ils sont administrés par voie injectable, orale ou rectale ; leur utilisation par voie inhalée, topique ou ophtalmologique est permise dans le cadre des indications et aux posologies de l’AMM
La cocaïne, la MDMA, l’héroïne et le THC sont qualifiés de « substances d’abus » : en cas de dépistage positif, si le sportif peut prouver que leur consommation était indépendante de sa pratique sportive et a eu lieu en dehors d’une compétition les sanctions encourues pourront être diminuées (suspension passant de 4 ans à 3 mois, voire 1 mois si le sportif termine une prise en charge addictologique)
SUBSTANCES INTERDITES DANS CERTAINS SPORTS
INTITULE | EXEMPLES | EFFETS RECHERCHES |
Bêtabloquants(1) | Tous | Anxiolyse, diminution de la fréquence cardiaque, diminution des tremblements |
(1) : En et hors compétition pour les sports subaquatiques, le tir et le tir à l’arc ; en compétition pour l’automobile, le billard, les fléchettes, le golf, le mini-golf et certains sports à ski.
Dérogation
La procédure d’autorisation d’usage à des fins thérapeutiques permet à un sportif de déroger aux interdictions. Cela concerne la prise de substances (ex. athlète transgenre) ou de méthodes de dopage (ex. dialyse ou transfusion). Cette procédure doit être validée par un comité d’experts qui évalue « la loyauté et la licéité du traitement », c’est-à-dire son caractère indispensable (diagnostic avéré, absence d’alternatives), le respect de l’AMM ou des recommandations en vigueur et l’absence d’abus.
Suivi des sportifs
Le passeport biologique de l’athlète permet un suivi régulier des sportifs, en plus des contrôles anti-dopages réalisés. Il comprend une analyse hématologique (hémogramme, réticulocytes) et endocrinologique (profil urinaire des stéroïdes : androstérone, testostérone, épitestostérone, étiocholanolone, 5α et 5β-Androstane-3α,17β-diol), évaluées par des experts.