Vigabatrine
Résumé de la fiche
La vigabatrine (GVG) est un anti-épileptique de deuxième génération prescrit en première intention dans le traitement des spasmes du syndrome de West. En revanche, la GVG est contre-indiqué dans les épilepsies idiopathiques comportant des absences typiques et des myoclonies, qu'il semble pouvoir aggraver.
Les interactions médicamenteuses sont inexistantes.
La GVG est en règle bien tolérée avec surtout des effets indésirables dose-dépendants à type d’asthénie, fréquente en début du traitement mais transitoire, et un effet orexigène. Une psychose aiguë réversible, rare, survient surtout chez les patients prédisposés. Le seul inconvénient majeur du GVG est la possibilité de rétrécissements concentriques du champ visuel. Ces rétrécissements surviennent chez 30 -50% des patients adultes et sont généralement non réversibles. Ils doivent être systématiquement dépistés par une surveillance régulière.
Item(s) ECN
72 : Prescription et surveillance des psychotropes103 : Épilepsie de l'enfant et de l'adulte
326 : Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l’adulte et chez l’enfant
Médicaments existants
Vigabatrine comprimés, granulés pour solution buvable en sachet-dose
Mécanismes d’action des différentes molécules
L’activité antiépileptique de la vigabatrine s’explique par son action centrale au niveau de la transmission GABAergique, qu’elle renforce. En effet, la vigabatrine est un analogue du GABA qui inhibe de façon irréversible et sélective la GABA-transaminase, enzyme responsable du catabolisme du GABA. L'inhibition étant irréversible, la durée d'action di GVG est prolongée, ce qui autorise une monoprise quotidienne.
Effets utiles en clinique
La vigabatrine est indiquée dans le traitement des épilepsies partielles résistantes avec ou sans crises secondairement généralisées, en traitement adjuvant, lorsque toutes les autres associations thérapeutiques sont insuffisantes.
Actuellement, son indication privilégiée est représentée par le traitement des spasmes du syndrome de West, où la GVG est prescrit en monothérapie de première intention.
Pharmacodynamie des effets utiles en clinique
Les effets de la vigabatrine sont expliqués par son action inhibitrice irréversible et sélective sur l’enzyme responsable du catabolisme du GABA (acide gamma-aminobutyrique).
Le GABA est donc présent en quantité plus importante au niveau du cerveau et l’effet de ce neurotransmetteur inhibiteur sur ces récepteurs est alors renforcé.
La liaison du GABA à son récepteur A, composé de cinq unités et d’un canal chlorique en son centre, augmente la perméabilité des ions chlore à travers le canal et conduit à une hyperpolarisation cellulaire (et donc ainsi à une diminution de l’excitabilité neuronale).
La vigabatrine n’a pas d’affinité pour d’autres enzymes et son action est longue, du fait de la liaison irréversible à l’enzyme.
Caractéristiques pharmacocinétiques utiles en clinique
Il n’existe pas de corrélation entre concentrations plasmatiques et efficacité anti-épileptique ou toxicité. Cependant, dans l’intervalle des posologies thérapeutiques, la relation entre posologie administrée et concentrations plasmatique ou dans le liquide céphalorachidien semble linéaire (comprises entre 10 et 120 µg/mL), justifiant éventuellement le suivi des concentrations plasmatiques.
Absorption
La vigabatrine est bien absorbée après administration orale et cette absorption n’est pas retardée par la présence d’aliments.
Distribution
La molécule est très distribuée dans l’organisme et peu fixée aux protéines plasmatiques.
Métabolisme
La vigabatrine est peu métabolisée. Aucun métabolite n’a été identifié. La vigabatrine n’est pas inducteur des cytochromes P450 3A4, le risque interactif au niveau de ces enzymes est donc vraisemblablement nul.
Elimination
L’élimination se fait principalement au niveau des urines, avec 60 à 80% de la dose orale retrouvée sous forme inchangée. La demi-vie plasmatique est comprise entre 5 et 8 heures.
Source de la variabilité de la réponse
La réponse à la vigabatrine peut être modifiée chez les patients jeunes, puisque les enfants présentent une aire sous la courbe (AUC) inférieure à celle observée chez l’adulte et nécessitent souvent des posologies plus importantes que celles de l’adulte pour obtenir les concentrations plasmatiques thérapeutiques.
Situations à risque ou déconseillées
En raison de son élimination principalement rénale, l’administration de la vigabatrine nécessite une attention particulière chez l’insuffisant rénal dont la clairance de la créatinine est inférieure à 60mL/min, ou chez le sujet âgé.
L’utilisation pendant la grossesse est déconseillée, la vigabatrine traversant le placenta et en l’absence de données cliniques suffisantes. L’allaitement n’est également pas recommandé en raison d’un passage dans le lait.
Précautions d’emploi
Des anomalies du champ visuel peuvent survenir chez un tiers des patients recevant la vigabatrine. Ces atteintes souvent irréversibles sont modérées à sévères, et peuvent survenir après des mois ou des années de traitement.
Ces atteintes sont détectées de façon fiable par une exploration appropriée du champ visuel (périmétrie), examen qui doit être pratiqué avant l’instauration du traitement et régulièrement pendant (tous les 6 mois). Il est important que le patient soit bien informé de cet effet et qu’il rapporte tout symptôme visuel. La vigabatrine ne doit pas être utilisée chez des patients aux antécédents de troubles du champ visuel.
Des troubles psychiatriques peuvent également être rapportés (agitation, agressivité, irritation, dépression et réactions paranoïaques). Ces troubles surviennent chez des patients avec ou sans antécédent, et justifient un suivi psychiatrique étroit des patients traités par vigabatrine.
De même, des troubles neurologiques à type d’encéphalopathie, ont été rapportés. La posologie élevée, l’augmentation rapide des doses et le statut rénal du patient semblent être des facteurs de risque à ces réactions psychiatriques et neurologiques.
Effets indésirables
Les effets indésirables les plus communs avec la vigabatrine sont la somnolence et la fatigue, qui disparaissent au fur et à mesure du traitement.
Peuvent également être rapportés :
- une toxicité centrale avec des symptômes tels que l’irritabilité, la confusion, la dépression, la psychose, la difficulté à la concentration, la labilité émotionnelle
- une toxicité ophtalmologique avec une altération du champ visuel (voir précautions d’emploi) mais aussi plus rarement une vision trouble, une diplopie, un nystagmus, des anomalies rétiniennes.
- une toxicité générale avec des symptômes gastro-intestinaux et des réactions cutanées rares.