*Cytokines et anti-cytokines : Les points essentiels
Résumé de la fiche
Les cytokines sont des protéines agissant sur de nombreuses cibles cellulaires, via des récepteurs membranaires spécifiques. Leur action est souvent locale, paracrine ou autocrine, et pour certaines cytokines, elle est aussi systémique, de type endocrine (par exemple, induction de la fièvre et augmentation de la synthèse hépatique des protéines de la réaction inflammatoire par l’IL-6). Chaque cytokine possède de multiples propriétés, agissant sur trois systèmes principaux : inflammatoire, immunitaire, et croissance cellulaire, variables selon la cytokine.
Les réponses immunitaires TH1 et TH2 sont équilibrées pour défendre efficacement l'organisme contre le non-soi dangereux. Une réponse TH1 hyperactive entraînera des réactions auto-immunes (réactions contre le soi) tandis que la réponse TH2 est impliquée dans l'allergie (réaction démesurée contre le non-soi inoffensif).
Des analogues de cytokines peuvent être utilisés (ex. facteurs de croissance), ainsi que des antagonistes des cytokines ou de leurs récepteurs (ex. anticorps monoclonaux anti-TNFa dans les maladies auto-immunes rhumatologiques ou intestinales).
Item(s) ECN
196 : Polyarthrite rhumatoïde197 : Spondyloarthrite
201 : Transplantation d'organes
202 : Biothérapies et thérapies ciblées
Rappel physiopathologique
En réponse à une agression, l’organisme synthétise des protéines qui permettent aux cellules de communiquer entre elles afin d’initier, développer et achever les réponses inflammatoires et/ou immunes. Il s’agit d’une modification, temporaire, orchestrée et adaptée, des fonctions cellulaires afin, si possible, de revenir à l’état antérieur, avant l’agression. Ces signaux protéiques entre cellules correspondent aux cytokines et aux molécules d’adhésion. Le plus souvent, les cytokines agissent après sécrétion dans le milieu extracellulaire.
Figure 1 Sécrétion de cytokines lors de l'inflammation (A guiding map for inflammation, Netea M et al, Nature Immunology 2017)
Les cytokines sont des protéines de masse molaire comprises entre 6.000 et 60.000 daltons, souvent glycosylées, synthétisables par de nombreux types cellulaires (non exclusivement hématopoiétiques), et agissant sur de multiples cibles cellulaires, via des récepteurs membranaires spécifiques.
Leur action est souvent locale, paracrine ou autocrine, et pour certaines cytokines, elle est aussi systémique, de type endocrine (par exemple, induction de la fièvre et augmentation de la synthèse hépatique des protéines de la réaction inflammatoire par l’IL-6).
Chaque cytokine possède de multiples propriétés, agissant sur trois systèmes principaux : inflammatoire, immunitaire, et croissance cellulaire, variables selon la cytokine.
La plupart des cytokines ne sont pas détectables dans le sérum à l’état physiologique. La présence de différentes cytokines, dans les tissus ou organes atteints, au cours des maladies infectieuses, immunes, carcinologiques ou dégénératives, est généralement la règle. La démonstration d’un rôle physiopathologique, pour un nombre limité d’entre elles, peut aboutir à l’utilisation de médicaments anticytokine(s) qui s’opposent aux signes ou symptôme de la maladie considérée. (cf chapitre anti TNFalpha, anti Th2 et anti Th17), bien que leur action soit souvent suspensive.
L’inflammation, processus de défense indispensable, expose à des dommages tissulaires, voire menace le pronostic vital, quand la production des cytokines et de leurs effecteurs est excessive et/ou prolongée.
a) Réaction aiguës, locales et systémiques. Exemples : hépatite alcoolique aiguë, pancréatite aiguë, choc endotoxinique, lésions tissulaires après ischémie-reperfusion, neuropaludisme.
b) Maladies inflammatoires chroniques
- affections inflammatoires où l’inflammation est associée à une production de TNFalpha. Exemples : polyarthrite rhumatoïde, maladie de Crohn, psoriasis en plaques ou rhumatismal
- Affections inflammatoires, associées à l’activation de certaines cytokines Th2. Exemples : dermatite atopique, asthme bronchique
c) Maladies « dégénératives ». Exemple : développement des lésions endartérielles de l’athérosclérose, lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer
d) D’origine médicamenteuse. Ex : syndrome pseudogrippal grave après injection de diverses cytokines recombinantes, érythème noueux lépreux après restauration immunitaire due au traitement de la lèpre, pneumotoxicité de la bléomycine.
Figure 2 Exemple de cytokines et cellules impliquées dans l'inflammation et l'allergie (Averting inflammation by targeting the cytokine environment, Kopf M et al, Nature Reviews in Drug Discovery 2010)
Implications physiopathologiques des cytokines de l’immunité
- Maladies où la voie majoritaire activée est la voie Th1 (TNFa, IL2, IFNg, IL12, IL18)
Exemples : rejet aigu d’allogreffe, réaction aiguë du greffon contre l’hôte, lèpre tuberculoïde, et maladies certaines maladies auto-immunes telles que la sarcoïdose
- Maladies où la voie majoritaire activée est la voie Th2 (IL4, IL5, IL10, IL13).
Exemples : dermatite atopique, hyperéosinophilies d’origine parasitaire ou allergique, lèpre lépromateuse, asthme (cf chapitre inhibiteurs de la voie Th2)
- Maladies où la voie majoritaire activée est la voie Th17 (IL17, IL23)
Exemples : psoriasis, rhumatisme psoriasique (cf chapitre inhibiteurs de la voie Th17)
Implications physiopathologiques des cytokines facteurs de croissance cellulaire
- Croissance tumorale. La surexpression, par les cellules cancéreuses, des récepteurs aux facteurs de croissance et de leurs ligands, conduit notamment à une activation persistante de STAT3 et à une dérégulation de l’activité tyrosine kinase.
Exemples 1: implications de l’IL6 et du récepteur de l’IL6 dans la croissance autocrine des cellules du myélome, de l’IL3 pour les cellules de Sternberg, de l’EGF dans les cancers de la tête et du cou.
Exemple 2 : production tumorale de VEGF favorisant la néovascularisation péritumorale.
- Hyperprolifération du tissu conjonctif.
Exemple : rôle du TGFbéta et des protéines smad, (en aval de la signalisation du TGFbéta) dans les processus fibrotiques localisés, tels que les cicatrices chéloïdes, ou systémiques, comme la sclérodermie systémique.
Définitions et compléments
- Agression : Classiquement, il s’agit d’une agression exogène conduisant à une réaction inflammatoire, qui est un processus de défense non spécifique (processus inné de défense), ou à une réponse immune, spécifique d’un antigène (processus acquis). Les agents responsables sont nombreux : traumatismes physique, chimique, microbes (virus, bactéries, parasites), médicaments… L’agression peut toutefois être d’origine endogène : protéines du soi reconnues comme antigéniques, cellules cancéreuses…
- les fonctions cellulaires ainsi modifiées aboutissent à
- la prolifération, la différenciation, ou la mort des cellules,
- la synthèse de diverses protéines (enzymes, anticorps, cytokines…),
- le déplacement de certaines cellules (ex. afflux des polynucléaires neutrophiles vers un site tissulaire infecté).
3) les cytokines On connaît plus de 100 cytokines, qui peuvent être regroupées de la façon suivante :
- Cytokines antivirales : interférons (IFN) a et b.
- Cytokines pro-inflammatoires (ou cytokines de l’inflammation) : interleukine-1 béta (Il-1-béta), facteur nécrosant les tumeurs (TNF ou TNF-alpha), IL-6.
- Cytokines de type Th1, impliquée dans les réactions immunitaires à médiation cellulaire comprenant les cytokines d’origine lymphocytaire Th1 : IL-2, IFNg, et les cytokines favorisant la polarisation vers le profil Th1 : IL12, Il-18 qui induisent la production d’IFN-gamma. L’activation de l’IL2 et de son récepteur permet la prolifération des lymphocytes T.
- Cytokines de type Th2, impliquées dans les réactions immunitaires à médiation éosinophilique : Il-4, Il-5, Il-10, IL13, impliquées notamment dans les hyperéosinophilies, les hypersensibilités retardées.
Ces deux types de réponse sont généralement exclusives car des cytokines produites par les lymphocytes Th1 favorisent la différenciation des Th0 en Th1 et inhibent l’orientation vers un profil Th2 (exemple IFN-gamma), et inversement pour des cytokines produites par les lymphocytes Th2.
- Les facteurs de croissance hématopoiétiques : érythropoiétine, G-CSF, GM-CSF, …
- Les facteurs de croissance pour le tissu conjonctif et les vaisseaux : TGF-béta , PDGF, VEGF… - Les chimiokines, cytokines chimio-attractantes des leucocytes, peu spécifiques ou spécifiques d’un type leucocytaire donné (exemple Il-8 chimiokine des polynucléaires neutrophiles).
4) Anomalies génétiques et physiopathologie : à ce jour, des mutations touchant les cytokines ou leurs récepteurs permettent d’expliquer la prédisposition ou l’induction de quelques maladies.
- Exemple 1 : prédisposition aux infections mycobactériennes par altération de l’immunité Th1 due à des mutations pour le récepteur de l’IFN-gamma, ou à un déficit de la production d’IL12 (inducteur de l’IFN-gamma).
- Exemple 2 : forme de la maladie périodique due à des mutations du récepteur soluble du TNF, qui ne parvient plus à antagoniser les effets, pro-inflammatoires, du TNF-alpha.
Médicaments existants
Dans ce chapitre et les suivants, sont traités séparément les cytokines et les anti-cytokines, sachant néanmoins que certaines cytokines sont utilisées pour leurs propriétés anticytokines (ex. Il-10 anti-cytokine Th1) et que l’IL1-Ra (antagoniste du récepteur de l’IL-1) est une cytokine.
Les cytokines recombinantes sont identiques ou très proches de la cytokine native par leur composition en acides aminés. Elles peuvent en différer de façon importante de par leur glycosylation, sur un plan quantitatif (glycosylée ou non) ou qualitatif.
On entend par anticytokines les médicaments qui s’opposent à la synthèse, à la sécrétion, ou aux effets de une ou plusieurs cytokines.
Ils sont de nature peptidique [cytokine, récepteur soluble, anticorps, monoclonaux rendus chimériques ou humanisés afin de diminuer leur immunogénicité] ou non peptidique [médicaments « classiques »].
Tableau 1. Différentes cytokines recombinantes humaines
Cytokines |
DCI des cytokines recombinantes humaines |
Remarques |
Interférons de type I |
IFN-alpha |
Séquence consensus des IFN-alpha naturels IFN-bêta IFN-bêta 1a IFN-bêta 1b |
IFN-alpha 2a / IFN-alpha 2b |
Différant d’un acide aminé |
|
IFN-alpha 2b pégylé |
IFN couplé à du PEG afin d’augmenter sa durée de vie |
|
(IFN-alpha n) |
Séquence consensus des IFN-alpha naturels |
|
IFN-bêta |
||
IFN-bêta 1a |
||
IFN-bêta 1b |
||
Cytokines TH1 |
IFN-gamma |
|
Facteurs de croissance hématopoiétique |
||
G-CSF |
lénograstim |
protéine glycosylée |
filgrastim |
1 méthionine différente, protéine non glycosylée |
|
GM-CSF |
molgramostim |
|
Erythropoiétine |
epoietin alpha |
|
epoietin bêta |
Comme l’EPO naturelle : mêmes acides aminés, 3 sites de N-glycosylation, > 40% sucres. Identité seulement quantitative pour la glycosylation |
|
Analogue érythropoiétine |
darbopoietin |
5 AA différents de l’EPO naturelle et 5 sites de N glycosylation |
Tableau 2. Médicaments utilisés pour leurs propriétés anticytokines
Principales cytokines inhibées |
Groupes de médicaments |
DCI |
Cellules à l’origine de la production |
Voies d’administration |
Multiples : pro-inflammatoires, Th1, certaines Th2, hématopoïétiques |
glucocorticoides |
Prednisone, prednisolone, dexaméthasone, etc |
p.o. parentérales |
|
Cytokines pro-inflammatoires : TNF-alpha, IL-1b |
Anti-TNF peptidiques : anticorps monoclonaux |
infliximab |
Ac chimérique myelome murin SP2/O |
I.V |
adalimumab |
Ac totalement humain |
S.C. |
||
Récepteur soluble du TNF, couplé à une IgG1 humaine |
etanercept |
p75 CHO (chinese hamster ovary) |
||
Anti-TNF non peptidiques |
thalidomide racémate |
p.o. |
||
Inhibiteurs de la phosphodiestérase 4 |
roflumilast, apremilast, pentoxifylline |
p.o. |
||
IL-1-ra |
anakinra |
E. coli (à partir du lysat cellulaire) |
S.C. |
|
Cytokines TH1 |
Anti-IL-2 : anticalcineurines |
ciclosporine, tacrolimus |
p.o., I.V. |
|
Anticorps anti-récepteur de l’IL-2 (ou anti-CD25) humanisés |
daclizumab |
Ac humanisé myélome murin SP2/O pour les essais cliniques pré-AMM, lignée GS-NSO depuis la commercialisation |
I.V |
|
basiliximab |
Ac chimérique Hybridome murin RFT5 |
I.V. |
||
Cytokines facteurs de croissance tumorale |
Anticorps anti-récepteur de l’EGF |
cétuximab |
Ac chimérique hybridome murin SP2/O AG4 |
I.V. |
Anti HER2 |
trastuzumab |
Ac humanisé CHO (chinese hamster ovary) |
I.V. |
Mécanismes d’action des différentes molécules
1- MECANISME D’ACTION DES CYTOKINES
- Signalisation par le système JAK/STAT
Figure 1 Signalisation par le système JAK/STAT
Signalisation (rapide) par les JAK/STAT pour de nombreuses cytokines, notamment :
- IFN de type I => STAT 1 et 2 => activité antivirale.
- IFN-gamma => STAT1 => propriétés anti-infectieuses, réponse immune antitumorale.
- IL-2 => STAT5 => prolifération.
- G-CSF, IL6, … => STAT 3 => gènes anti-apoptotiques, gène codant pour le VEGF, etc.
- IL-12 => STAT4 => prolifération des lymphocytes Th1. - IL4, IL-13 => STAT 6 => prolifération des lymphocytes Th2.
- Voies de signalisation du TNF-alpha
Figure 2 Voies de signalisation du TNF-alpha
La stimulation du récepteur II du TNF (p75) ne recrute pas FADD et n’est pas un inducteur d’apoptose. En revanche, les récepteurs I et II du TNF ont en commun de recruter des TRAF (TNF-receptor associated factors) qui activent les voies de signalisation conduisant à l’activation du NFkB et d’AP.
Par ailleurs, les récepteurs membranaires du TNF peuvent être clivés, naturellement, par des protéases, qui libèrent dans le milieu extracellulaire, une forme circulante, soluble, des récepteurs du TNF p75 et p55, qui conservent la capacité de lier la cytokine TNF.
- IL-1-bêta
Les récepteurs de l’IL1b appartiennent, avec ceux de l’IL18, à la famille des « toll receptors », et activent des voies, au moins partiellement, similaires à celles du TNF, conduisant notamment à l’activation du NFkB. Pour être actives, l’IL1b et l’IL18 doivent être clivées, à partir de la pro-IL1b et de la pro-IL18, par une cystéine protéase, la caspase 1 ou ICE (IL1-b converting enzyme), qui est une enzyme également impliquée dans l’apoptose.
- Autres voies de signalisation
Certaines cytokines, telles que la chimiokine IL8, ont des récepteurs à 7 domaines transmembranaires, couplés à des protéines G . D’autres cytokines, telles que le TGFb, ont des récepteurs à thréonine-kinase.
2- MECANISMES D’ACTION DES ANTICYTOKINES
- Anticytokines ayant pour cible « initiale » les cytokines de l’inflammation, TNFalpha et IL1béta
Voir le chapitre sur les anti TNFalpha
- Anticytokines ayant pour cible première l’IL-2, cytokine de l’immunité de type Th1
Voir le chapitre sur les anticalcineurines (ciclosporine, tacrolimus), ainsi que les anticorps anti-récepteurs de l’IL2 [non inclus dans cet enseignement].
- Anticytokines ayant pour cible « initiale » les cytokines de la voie Th2
Voir le chapitre sur les inhibiteurs de la voie Th2
- Anticytokines ayant pour cible « initiale » les cytokines de la voie Th17
Voir le chapitre sur les inhibiteurs de la voie Th17
Effets utiles en clinique
Tableau Propriétés et applications thérapeutiques
Cytokines cibles |
Effets résultant de leur stimulation |
Applications (stimulation) |
Effets résultant de leur inhibition |
Applications (inhibition) |
TNF-alpha / IL-1-bêta |
Propriété antitumorale du TNF-alpha |
Néant |
Diminution des manifestations locales et générales de l’inflammation et des phénomènes en aval (ce qui se traduit par : antalgie, immuno-suppression, diminution des activités macrophagiques) |
- Maladies chroniques inflammatoires : PR, SPA, maladie de Still, Maladie de Crohn, RCH, Psoriasis, rhumatisme psoriasique. |
Cytokines Th1 |
Stimulation des activités macrophagiques et présentatrices de l’antigène, dans un but anti-infectieux, ou antitumoral |
Augmentation de l’immunité chez les immunodéprimés - rIL-2: adénocarcinome rénal métastatique. - taux de CD4 bas malgré une charge VIH contrôlée - rIFNg : granulomatose septique chronique |
- Inhibition de l’expansion des lymphocytes T activés. - Polarisation des lymphocytes T vers le type Th2. - Inhibition de la croissance des lymphomes T exprimant les récepteurs de l’IL2 |
- Prévention du rejet aigu de greffe. - Maladies chroniques auto-immunes Th1 (PR, maladie de Crohn, sclérose en plaques, psoriasis..) - Traitement de lymphomes cutanés ou sous-cutanés par toxine diphtérique couplée à de l’IL2. |
Cytokines Th2 |
Polarisation des lymphocytes T vers le profil Th2, et ce faisant réduction des signes des maladies chroniques Th1. |
rIL10 : - relatif échec dans la maladie de Crohn, la PR. - Quelques résultats dans le psoriasis. |
Diminuer la composante Th2 d’une maladie chronique inflammatoire, telle que l’asthme. |
essai d’anticorps anti-IL5 dans l’asthme |
Facteurs de croissance hématopoiétique |
G-CSF : stimulation des précurseurs des polynucléaires neutrophiles (polynucléaires, monocytes) |
Raccourcissement de la durée de neutropénie, ou de leucopénie, chimio ou radio-induite. |
||
GM-CSF : stimulation des précurseurs des leucocytes |
Mobilisation des cellules souches hématopoiétiques en vue d’une autogreffe |
|||
Erythropoiétine : stimulation des précurseurs érythroides |
Anémie des insuffisants rénaux par déficit en EPO. - Anémie chimio-induite |
|||
Facteurs de croissance pour - Les vaisseaux et tissu conjonctif - Les cellules tumorales - Réparation tissulaire - Cicatrisation. |
- Ac anti-récepteurs de l’EGF qui inhibent la croissance des cellules tumorales (sur)exprimant ce récepteur |
|||
- Ac anti-VEGF : diminution de la croissance tumorale par inhibition de la néovascularisation |
||||
Interférons de type I |
IFN-alpha : - Augmentation de la clairance virale, - Immuno-régulation - Anti-prolifération |
- Traitement des hépatites B et C chroniques - Leucémie myéloide chronique, mélanome, carcinome rénal - Maladie de Behcet |
||
IFN-bêta : - Antiviral - Immuno-modulateur |
- Traitement de la sclérose en plaques, évoluant par poussées (mécanisme = ?) |
|||
Interféron de type II |
Voir cytokines Th1 ci dessus |
Les glucocorticoides combinent les actions inhibitrices sur plusieurs catégories de cytokines [cytokines primaires et secondaires de l’inflammation, cytokines Th1 (IL2, IFNg, IL12, IL18..), quelques cytokines Th2 (IL4, IL5), G-CSF…], ainsi que l’inhibition des molécules d’adhésion, conduisant principalement à la diminution des fonctions macrophagiques et de l’immunité à médiation cellulaire. Ces actions rendent compte des propriétés antalgiques, anti-inflammatoires, immunosuppressives et antiprolifératives des glucocorticoides.
Caractéristiques pharmacocinétiques utiles en clinique
Tableau 1. Paramètres pharmacocinétiques des cytokines recombinantes commercialisées
Cytokine recombinante |
Voie d’administration |
Biodisponi-bilité |
Tmax |
T1/2 plasmatique d’élimination |
Vd apparent |
Elimination |
IFN-alpha 2a/2b |
SC |
90 % |
4-12 h |
3-8 h |
1,4 L/kg |
Reins |
IFN-alpha pégylé |
SC |
48-72 h |
27-54 h |
1 L/kg |
70% métabolisés par le foie |
|
IFN-bêta 1a |
IM |
40% (IM > SC) |
5-15 h |
10 h |
2,9 +/- 1,8 L/kg |
|
IFN-bêta 1b |
SC |
50 % |
1-8 h |
5 h |
||
IFN-gamma |
SC |
4-14 h |
5 h |
Non détectable dans les urines |
||
Aldesleukin |
SC (perfusion IV) |
30-47 % |
4 h |
5 h (1,5 h) |
Métabolisme rénal en acides aminés |
|
Lenograstim |
SC |
30 % |
3-4 h |
(1 à 1,5 h après administra-tions répétées) |
1 L/kg |
métabolisé |
Filgrastim |
SC (IV) |
3,5 h |
0,15 L/kg |
|||
molgramostim |
SC IV |
3-4 h |
2-3 h 1-2 h |
|||
Epoetine alpha |
SC IV |
11-36 % |
4-24 h |
24 h 4-16 h |
0,03 L/kg |
|
Epoetine bêta |
SC IV |
23-42 % |
12-28 h |
13-28 h 4-12 h |
0,1 L/kg |
|
Darbopoetine alpha |
SC |
37-54% |
49 +/- 15 h |
21 +/- 7,5 h |
0,05 L/kg |
Commentaires :
- Les cytokines ne sont pas actives après administration orale
- la pharmacocinétique classique décrit mal les activités de ces molécules, notamment en raison de leurs effets biologiques prolongés, et de leurs actions indirectes, via d’autres médiateurs/effecteurs.
- Les effets des cytokines peuvent être apparemment paradoxaux. Ainsi l’efficacité sur l’érythropoièse de l’époetin alpha SC ou IV est similaire, alors que la biodisponibilité de la voie SC comparée à la voie IV n’est que de 20 %. Bien que les interférons ne passent pas la barrière hémato-encéphalique, ils exercent, comme d’autres cytokines, des effets indésirables sur le SNC, par des mécanismes mal expliqués.
- Le couplage à de grosses molécules, telles que le PEG, ralentit l’élimination de ces molécules, mais diminue leur activité. Les formes utilisées sont alors un compromis entre les deux paramètres. - Des différences apparemment mineures, telles que un acide aminé différent, une modification de la glycosylation ou un changement de voie d’administration entre SC et IM, peut entraîner des modifications importantes de la pharmacocinétique, et de la pharmacodynamie
Tableau 2. Paramètres pharmacocinétiques d’anticytokines et d’antirécepteurs de cytokines, peptidiques
Médicament |
Voie d’administration |
Tmax |
Cmax plasma |
T1/2 plasma |
Vd apparent |
Autres |
etanercept |
SC (biodisponibilité : 60-76 %) |
48-96 h |
Dose 25 mg : 1,6+/-0,7 µg/ml |
3-5 jours |
0,1 L/kg |
Excrétion rénale négligeable |
anakinra |
SC |
3-7 h |
4-6 heures |
Diffusion dans les articulations inflammatoires |
||
Infliximab |
IV |
1x3 mg/kg : 77 µg/ml 1x5 mg/kg: 118 µg/ml |
8-9,5 jours (+ si 5 à 20 mg/kg) |
0,04 L/kg |
Non détecté dans les urines. Encore détectable dans le plasma 4 à 28 semaines après TT |
|
Dacliximab |
IV |
1x1mg/kg : 21 µg/ml 5x1 mg/kg : 32 µg/ml |
11-38 jours |
|||
Basiliximab |
IV |
20 mg : 7 +/- 5 µg/ml |
8,7 +/- 6,7 jours |
0,12 L/kg |
||
Cétuximab |
IV |
200-400 mg/m2 : approximativement 75 à 300 µg/ml |
4-7 jours |
0 ,05 L/kg |
Cinétique saturable entre 20 et 400 mg/m2 |
|
Trastuzumab |
IV |
Concentration moyenne estimée à120 µg/ml |
26-33 jours |
0,04 L/kg |
Allongement de la T1/2 si augmentation de la posologie. Concentration à l’équilibre atteinte en 5 mois. 1 : pour une dose de charge de 4 mg/kg, suivie d’une dose d’entretien de 2 mg/kg/semaine |
Pour la pharmacocinétique des autres anticytokines, voir glucocorticoides, anticalcineurine, thalidomide, inhibiteurs de phosphodiestérase 4.
Source de la variabilité de la réponse
Pour la plupart des cytokines et anticytokines, l’origine des facteurs individuels de variabilité, dans la réponse thérapeutique et dans la survenue d’effets indésirables, ainsi que les interactions sont très mal connues à ce jour.
Jusqu’à preuve du contraire, chaque cytokine ou anticytokine, même quand elle possède des propriétés communes avec une autre, doit faire l’objet d’études spécifiques, et toute inférence est encore plus hasardeuse que pour les médicaments « conventionnels ».
Enfin, le système cellulaire, producteur de la cytokine recombinante ou de l’anticorps monoclonal, peut potentiellement être à l’origine de différences entre produits analogues, du fait de variations de la composition protéique du principe actif, de sa glycosylation, soit de molécules éventuellement co-purifiées.
Situations à risque ou déconseillées
Contre-indications des cytokines recombinantes commercialisées
Hypersensibilité / intolérance |
Affection CV |
infections |
comitialité |
Psychose / dépression |
IR / IH |
Maladies auto-immunes |
Tr. thyroidiens |
Insuffisance médullaire |
autres |
Grossesse / allaitement |
Nourrissons et jeunes enfants |
|
IFN-alpha |
+ |
Aff. Cardiaque grave |
+ |
+ |
+ / + |
+ dont hépatites auto-immunes |
+ |
+ |
+ |
+ / + |
Cf une des spécialités contient de l’alcool benzylique |
|
IFN-alpha pégylé |
+ et PEG |
Aff. Cardiaque grave |
+ |
+ |
+ / + |
+ dont hépatites auto-immunes |
+ |
+ |
+ |
+ / + |
||
IFN-bêta |
+ et albumine humaine pour une des spécialités |
+ |
+ / + |
+ |
||||||||
IFN-gamma |
+ |
+ |
Protéines sériques hétérologues Vaccins |
|||||||||
IL2 |
+ |
Cardiaque grave |
+ |
+ |
? |
+ / + |
+ dont maladies de type Th1 |
ATCD d’allogreffe Insuff. Resp. grave |
||||
Lenograstim |
+ |
- Pas en même temps qu’une chimio- (ou une radiothérapie pour molgra-mostim - Néoplasies myéloides |
||||||||||
Filgrastim |
+ |
|||||||||||
Molgramostim |
+ |
|||||||||||
Epo-alpha |
+ dont EBP |
- HTA - Artério-pathies - Throm-bose récente - taux d’Hb initial > 13 g/dl |
||||||||||
Epo-bêta |
+ dont EBP |
Car contient de l’ alcool benzylique |
||||||||||
Darbepoetin |
+ dont EBP et polysorbate 80 |
Principales contre-indications des anticytokines commercialisées
Hypersensibilité/intolérance |
Infections/vaccins vivants |
Cancer solide |
Hémopathie |
Comitialité |
Dépression |
Maladies auto-immunes |
IR / IH |
Affections CV |
Diabète/ tr. thyroidiens |
Anomalies hématologiques |
autres |
Grossesse / allaitement |
|
GC |
+ (excipients sulfite et sorbitol) |
+ / + |
+ |
torsades de pointe |
+ |
||||||||
infliximab |
+ |
+ dont tuberculose |
+ |
+ |
Précaution d’emploi |
IC modérée ou sévère |
Affections démyélinisantes |
Non recommandé |
|||||
Etanercept |
+ |
+ dont tuberculose |
+ |
+ |
Précaution d’emploi |
IC modérée ou sévère |
Affections démyélinisantes |
Non recommandé |
|||||
Anakinra |
+ et protéines E. coli, EDTA, polysorbate 80 |
+ |
? |
IR sévère |
Neutrophiles 1500/mm3 |
||||||||
Thalidomide |
+ |
+ |
Affections thrombosantes |
Neuropathies périphériques Don du sang durant le TT et les 8 j après son arrêt |
+++ |
||||||||
Ciclosporine |
+ et IV huile ricin |
+ |
+ |
IR |
HTA |
Diabète |
|||||||
Tacrolimus |
+ et IV huile ricin |
+ |
+ |
IR |
HTA |
Diabète |
|||||||
daclizumab |
+ et protéines murines |
+ |
+ |
+ |
|||||||||
basiliximab |
+ et protéines murines |
+ |
+ |
+ |
Précautions d’emploi
Précautions générales d’emploi des cytokines commercialisées
Attention chez les patients ayant : |
Arrêter le TT si apparition notamment de : |
Autres précautions |
|
Interferons alpha |
Affection respiratoire Affections cardiaques ATCD convulsions, ou de troubles psychiques Diabète Mauvais état général |
Infection intercurrente Insuffisance médullaire Signes respiratoires Troubles neuropsychiques Leucopénie Anomalies hépatiques sous TT |
Veiller à une bonne hydratation pendant le TT Si fièvre et/ou céphalées : paracétamol et éliminer les autres causes |
Interferon bêta |
Affections cardiaques ATCD de convulsions ou de syndrome dépressif IR ou IH Immunodépression sévère |
Convulsions résistantes au TT anticonvulsivant Troubles psychiques graves ou poten-tiellement graves |
|
Interféron gamma |
ATCD de convulsions ou de troubles neuropsychiques Affections cardiaques |
||
IL2 (aldesleukin) |
Anomalie des fonctions hépatique ou rénale Association à médicament potentiellement néphro- ou hépatotoxique |
Syndrome de fuite capillaire Somnolence ou léthargie |
Traiter tout épanchement liquidien avant de débuter l’IL2 Traiter toute infection intercurrente Paracétamol si fièvre TT symptomatique si diarrhée |
G-CSF |
Drépanocytose Ostéoporose préalable Trouble de la coagulation IR ou IH |
Signes respiratoires Syndrome myélodysplasique ou leucémie |
Tenir compte du fait que G-CSF ne corrige pas l’anémie ni la thrombopénie chimio-induite à terme, Rechercher l’apparition de clones myéloides |
GM-CSF |
Troubles respiratoires préalables ATCD maladie auto-immune Thrombopénie relative |
Tout épanchement liquidien séreux Signes respiratoires |
|
Epoetines et darbepoetine |
Affections cardiaques Risque thrombo-embolique Drépanocytose Convulsions IH |
Ascension trop rapide de l’Hb (2g/dl/mois) Thrombocytose Hyperkaliémie ou augmentation relative K+ |
Veiller à un bon suivi du TT antihypertenseur chez les hypertendus Apport martial suffisant Éliminer, et traiter si besoin, toute autre cause d’anémie avant le TT En cas de résistance se rappeler la règle générale que la voie SC est plus immunisante que la voie IV L’arrêt de chacun de ces traitements est systématique en cas de réaction d’hypersensibilité. |
Abréviations : ATCD : antécédents. AV : (fistule) artério-veineuse. CI : contre-indications. Hb : hémoglobine. IH : insuffisnace hépatique. IR : insuffisance rénale. IV : voie intraveineuse. SC : voie sous-cutanée. TT : traitement.
Précautions générales d’emploi des anticytokines
Attention chez les patients ayant : |
Arrêter le TT si apparition notamment de : |
Autres précautions |
|
infliximab |
tuberculose latente : TT prophylactique avant l’antiTNF Diabète, sujets âgés et toute autre circonstance prédisposant aux infections Deux ou plusieurs anti-inflammatoires/ immunosuppresseurs ATCD d’affection démyélinisante IC légère (classe I/II°) IR, IH Nouvelle administration d’infliximab après un intervalle libre > 2 ans |
Infection grave Aggravation d’une IC Ac antiDNA ou signes évocateurs de lupus Réaction allergique Exposition au VZV |
Matériel médical et médicaments d’urgence à portée de main Rechercher ATCD tuberculose Prévenir le patient du risque infectieux et lupique Faire si besoin les vaccinations recommandées avant le TT L’association au méthotrexate diminue le risque d’immunisation |
etanercept |
tuberculose latente : TT prophylactique avant l’antiTNF Diabète, sujets âgés et toute autre circonstance prédisposant aux infections ATCD d’affection démyélinisante Epilepsie Anomalies hématologiques |
Réaction allergique sévère Anomalie hématologique Arrêt temporaire si infection non grave Exposition au VZV Arrêt définitif si infection grave |
Rechercher ATCD tuberculose Prévenir le patient du risque infectieux, hématologique, voire lupique Faire si besoin les vaccinations recommandées avant le TT Éviter grossesse |
anakinra |
Diabète, sujets âgés et toute autre circonstance prédisposant aux infections IR modérée (Cl créatinine 30-50 ml/min) ATCD asthme ATCD d’affections malignes |
Infection grave Réaction d’hypersensibilité grave Neutrophiles <1500/mm3 |
Éviter absolument l’association à étanercept et, par généralisation, à infliximab Alterner les sites d’injections sous-cutanées Contraception efficace souhaitable Eviter l’allaitement |
Thalidomide |
Neuropathie préexistante Association à un médicament potentiellement neurotoxique Patient à risque de thrombose |
Signes cliniques de neuropathie Neutrophiles <750/mm3 |
Contraception efficace obligatoire chez toute femme en âge de procréer, s’assurer de l’absence de grossesse avant le début du TT et son renouvellement mensuel Rapports protégés chez l’homme pendant le TT et les 8 jours après arrêt Informer le patient des effets sédatifs et prendre les mesures liées à ce risque |
Basiliximab et daclizumab |
IH sévère, Sujets < 18 ans : pas de données Tolérance (immunologique) d’une deuxième cure (cf deuxième greffe) inconnue |
Arrêt définitif si réaction d’hypersensibilité Certitude de réaliser la greffe avant d’administrer l’AC |
Appareil médical et médicaments d’urgence à portée de main |
Voir aussi glucocorticoides, anticalcineurines.
Effets indésirables
1. Catégories d’ effets indésirables observés avec les cytokines recombinantes
Syndrome grippal (1) |
Syndrome de fuite capillaire, SDRA (2) |
Effets neurologi-ques centraux et psychiatriques (3) |
« allergie » au médicament |
Auto-anticorps, lupus clinique |
Croissance tumo-rale (4) |
Activation de ma-ladies ou de réac-tions « Th1 » (5) |
Effets particuliers (6) |
|
IFNs alpha |
+ |
+ |
Neuro + Psy + |
Réactions locales Hypersensibilité aiguë |
Auto-AC + antinucléaires, antithyroide |
psoriasis cas de diabète insulino-dépendant, de polyarthrite |
Troubles visuels, cardio-vasculaires, pulmonaires, hépatiques, leucopénie, thrombopénie… |
|
IFN bêta |
+ |
+ |
Psy ++ (dépressions) Neuro + |
Réactions locales, voire nécrose |
AC antithyroide |
Psoriasis |
Leucopénie, anémie, thrombopénie // atteintes hépatiques Risque d’avortement |
|
IFNgamma |
+ |
Non décrit |
Réactions locales |
Auto-anticorps |
Réponse indésirable aux vaccins, EN lépreux, SEP |
|||
IL-2 (aldesleukin) |
++ |
++ |
++ Neuro et psy |
Inflammation locale, voire nécrose |
Cas de croissance de leucémies et de lymphomes (cf expression R Il-2) |
Cas d’activation de maladie de Crohn, EN, psoriasis |
Complications infectieuses (bactériennes) // anémie, thrombopénie // foie // tube digestif// coagulopathie… |
|
G-CSF (lenogratsim et filgrastim) |
(asthénie, diarrhée) |
+ |
Réactions locales |
Syndrome de Sweet |
Tumeurs myéloides (et non myéloides) |
Quelques cas de poussée de PR, psoriasis Hyper-leucocytose, Sd de Sweet |
Thrombopénie Douleurs osseuses..… |
|
GM-CSF (molgramostim) |
(+) |
++ |
(+) |
Réactions locales et générales |
+ (dont thrombopénie auto-immune) |
Tumeurs myéloides non exclues |
Thrombopénie Anémie, Douleurs osseuses Sd de Sweet |
|
Erythropoiétines et darbepoetin |
(+) |
AC anti-EPO Anémie réfractaire ou EBP |
Tumeurs myéloides non exclues |
HTA, thrombocytose, hyperkaliémie |
Abréviations : AC : anticorps. EBP : érythroblastopénie. EN : érythème noueux. HTA : hypertension artérielle. IFN : interféron. PR : polyarthrite rhumatoïde. neuro : effets neurologiques. psy : effets psychiatriques. R : récepteur de la cytokine. SEP : sclérose en plaques.
(1) En dépit de leur diversité fonctionnelle, la plupart des cytokines recombinantes induisent un syndrome grippal, +/- sévère (fièvre, asthénie, myalgies..) qui s’atténue souvent avec la poursuite des injections mais peut persister, en particulier avec l’interféron alpha. Il est attribué à l’induction de la production endogène des cytokines pro-inflammatoires, (TNFa…), par les cytokines recombinantes. Il est habituel de ne pas le traiter par glucocorticoide car une partie de l’action des cytokines recombinantes peut reposer sur l’induction de ces cytokines.
(2) Le syndrome de fuite capillaire, +/- détresse respiratoire, est une complication grave, liée probablement à la production tissulaire massive de TNFa, favorisée par les doses élevées et la voie I.V.
(3) Les effets neurologiques (incluant des convulsions) et psychiatriques (incluant dépression grave, hallucinations) s’observent paradoxalement avec la plupart des cytokines. Leur mécanisme et médiation par un relais éventuel intracérébral ne sont pas connus.
(4) Ce risque peut être dû soit à l’expression du R de la cytokine par la tumeur, dont la croissance dépend de cette cytokine, soit à une action indirecte, telle que la l’augmentation de la vascularisation péritumorale.
(5) L’activation ou l’aggravation de maladies Th1 est un effet attendu puisque les cytokines recombinantes peuvent induire les cytokines pro-inflammatoires (TNF…) impliquées dans la physiopathologie de ces affections, et que certaines cytokines recombinantes sont directement pro-Th1 (IL2, IFNg). Les conséquences peuvent être irréversibles (cf diabète induit par l’IFNa et destruction des cellules de Langerhans).
(6) la liste des effets propres à chaque cytokine est longue (voir chapitre med pour plus d’exhaustivité) et témoigne de la multiplicité des cibles cellulaires des cytokines. La toxicité expérimentale animale des interférons est mal ou très mal connue car ces cytokines ont une action spécifique d’espèce. L’innocuité des interférons recombinants humains chez l’animal n’a donc pas de valeur prédictive pour l’homme, et les effets indésirables des interférons sont « découverts » au fur et à mesure de leur utilisation.
2. Catégories d’effets indésirables observés avec les anticytokines à visée anti-inflammatoires/immunosuppressives
Défenses anti-infectieuses |
Défenses antitumorales |
Cicatrisation |
Auto-anticorps, Lupus clinique |
« allergie » à la molécule |
Effets particuliers |
|
Glucocorticoides |
Diminution importante |
Diminution pour les carcinomes bronchopulmonaires et mélanomes |
Diminution réparation des épithéliums (peau, muqueuse, cornée) |
Très rare |
Effets des corticoides sur les métabolismes glucidique, protéique, lipidique, sur la croissancestaturo-pondérale, l’axe hypophysosurrénalien |
|
Anti-TNF : infliximab, etanercept |
-Diminution importante: vis à vis des germes intracellulaires -Tuberculose |
Doute sur des cas de lymphome |
AC antinucléaires, Lupus clinique |
Réaction locale avec étanercept. Réaction générale avec infliximab |
||
Thalidomide |
Effet attendu compte-tenu des propriétés antiTNF |
Réactions cutanées, dont Sd Stevens Johnson |
Tératogène +++ Neurotoxicité : sédation, neuopathie périphérique, convulsions Thromboses veineuses |
|||
Cyclosporine |
Diminution des défenses antimicrobiennes |
Augm. risque de syndrome lymphoprolifératif B EBV+ |
Toxicité rénale, neurologique centrale, cardiovasculaire |
|||
Tacrolimus |
Diminution des défenses antimicrobiennes |
Augm. risque de syndrome lymphoprolifératif B EBV+ |
Toxicité rénale, neurologique centrale, cardiovasculaire |
|||
AC antirécepteur de l’IL2 (basiliximab et daclizumab) |
Augmentation possible de certaines infections |
Augm. risque possible |
Diminution possible |
Réactions parfois graves, type anaphylactqiue |
Les médicaments de ce tableau possèdent, avec des différences quantitatives, des propriétés immunosuppressives et anti-inflammatoires.
- Par principe, il faut considérer que l’association de ces médicaments entre eux accroît le risque d’effets indésirables résultant de leurs propriétés anti-inflammatoires et/ou immunosuppresives, cf risque infectieux, carcinologique et défaut de cicatrisation.
- L’augmentation de la fréquence des infections graves quand un anti-TNF (infliximab) est associé à un anti-IL1 (anakinra) illustre ce point.
- L’augmentation du risque tumoral est encore plus difficile à appréhender.
Expérimentalement, la toxicité à moyen et long terme des anticorps monoclonaux, humanisé ou chimériques, ainsi que leurs effets materno-fœtaux sont pratiquement inconnus en raison de l’immunisation des animaux de laboratoire contre l’anticorps.
Pour les anticorps antirécepteurs de l’EGF (trastuzumab et cétuximab) voir chapitre cancérologie. Abréviations. AC : anticorps. EBV : virus d’Epstein Barr. Sd : syndrome.
Surveillance des effets
1. Eléments de surveillance des cytokines recombinantes
Clinique |
Examens complémentaires |
Cas particuliers |
|
Interférons alpha |
Etat neuropsychique Bilan ophtalmologique avant et pendant le TT Fonction respiratoire pendant le TT et les jours suivants |
NFS, plaquettes Iono sang, protides, glycémie, Enzymes hépatiques, bilirubine, TP créatinine radio pulmonaire si signes cliniques ECG avant le TT, TSH avant le TT |
Surveillance accrue si Affection cardiaque Cancer à un stade avancé ATCD neuropsychiques |
Interféron bêta |
Etat neuropsychique |
NFS, plaquettes Bilan hépatique |
Surveillance accrue si apparition de symptômes dépressifs |
Interféron gamma |
NFS, plaquettes Bilan hépatique et rénal AC anti-IFNgamma |
||
G-CSF et GM-CSF |
volume de la rate rechercher une éventuelle croissance tumorale associée au TT éventuellement échographie à la recherche d’une splénomégalie |
NFS et frottis Hématurie, protéinurie Albuminémie (GM-CSF) Densité osseuse si TT > 6 mois |
Surveillance accrue si drépanocytose ATCD affection respiratoire |
Epoetines et darbepoetine |
PA régulièrement Survenue de thrombose Fonctionnement de la fistule AV |
Bilan martial avant et pendant le TT Hb Si besoin, recherche d’AC anti-érythropoiétine Iono sang, incluant kaliémie, phosphatémie |
Bon niveau d’anticoagulation pendant la dialyse |
Abréviations : AC : anticorps. ATCD : antécédents.Hb : hémoglobine. ECG : électrocardiogramme. iono sang : ionogramme sanguin. NFS : numération formule sanguine. PA : pression artérielle. TP : taux de prothrombine. TT : traitement.
2. Eléments de surveillance des anticytokines
Clinique |
Examens complémentaires |
Cas particuliers |
|
Infliximab |
Surveillance médicale poursuivie au moins 2 h après perfusion Surveillance active et permanente vis à vis des infections, dont tuberculose Surveillance accrue si apparition d’une infection à terme Surveillance tenant compte du risque carcinologique |
Quantiféron avant traitement Sérologies virales avant traitement Examens en fonctions des points d’appel clinique (dentascan, scanner des sinus notamment) Anticorps anti nucléaires si suspicion de lupus |
|
Etanercept |
Surveillance médicale poursuivie au moins 2 h après perfusion Surveillance active et permanente vis à vis des infections, dont tuberculose Surveillance accrue si apparition d’une infection à terme Surveillance tenant compte du risque carcinologique |
Quantiféron avant traitement Sérologies virales avant traitement Examens en fonctions des points d’appel clinique (dentascan, scanner des sinus notamment) Anticorps anti nucléaires si suspicion de lupus |
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Anakinra |
Surveillance active et permanente vis à vis des infections |
NFS (dont neutrophiles et éosinophiles), plaquettes, au moins une fois par mois |
|
Thalidomide |
Survenue de thrombose Contraception obligatoire Examen neurologique périphérique avant et pendant TT/3mois |
NFS dont neutrophiles |
BétaHCG mensuelles chez toute femme en âge de procréer |
Daclizumab et basiliximab |
Surveillance active et permanente vis à vis des infections Symptômes d’hypersensibilité |
Glycémie à jeun (daclizumab) |