Médicaments du Système Rénine-Angiotensine
Résumé de la fiche
Les médicaments inhibiteurs du système rénine angiotensine agissent à 3 niveaux. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) inhibent la conversion de l’angiotensine I en angiotensine II et augmentent les concentrations de bradykinine. Les antagonistes des récepteurs AT1 de l’angiotensine (ARA II) sont des inhibiteurs compétitifs des récepteurs AT1 de l’angiotensine. Récemment ont été développés des inhibiteurs de la rénine. Ces médicaments sont tous indiqués dans la pris en charge de l’hypertension artérielle essentielle, certains étant indiqués dans l’insuffisance cardiaque, le post-infarctus du myocarde récent et la néphropathie protéinurique du diabète. Ils diffèrent par leurs caractéristiques pharmacocinétiques, mais comportent tous des effets indésirables communs pouvant être graves, d’où un emploi prudent dans certaines situations à risque.
Item(s) ECN
221 : Hypertension artérielle de l'adulte232 : Insuffisance cardiaque de l'adulte
326 : Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes chez l'adulte et chez l'enfant
Rappel physiopathologique
1- Le système rénine angiotensine (Figure 1) est classiquement considéré comme un système hormonal : la rénine circulante provenant des cellules juxta-glomérulaires rénales agit sur l’angiotensinogène produit par le foie pour produire de l’angiotensine I. Cette angiotensine I est convertie à son tour en angiotensine II par l’enzyme de conversion de l’angiotensine endothéliale. L’angiotensine II est alors distribuée dans les organes via le courant sanguin et induit des réponses physiologiques. Ce système (système rénine angiotensine extrinsèque) est responsable des principales réponses physiologiques. Il existe cependant également un système tissulaire (système rénine angiotensine intrinsèque) indépendant de l’enzyme de conversion de l’angiotensine circulante, responsable d’effets physiologiques tissulaires (effets sur les fonctions cardiaque, vasculaire et rénale).
2- L’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) est une glycoprotéine comportant deux domaines homologues avec chacun un site catalytique. L’ECA est présente principalement sur la surface membranaire des cellules endothéliales, en particulier du lit vasculaire pulmonaire, mais peut être retrouvée dans le plasma. Il s’agit d’une enzyme non spécifique, dont les substrats principaux sont l’angiotensine I et la bradykinine. Il est à ce titre amusant de noter que la découverte dans les années 1960 des inhibiteurs de l’ECA à partir du venin de certaines vipères était liée à leur propriété d’intensification de la réponse à la bradykinine. La conversion d’angiotensine I en angiotensine II est si rapide que la réponse pharmacodynamique de ces deux peptides n’est pas distinguable. Cependant la puissance propre de l’angiotensine I est moins de 1% de celle de l’angiotensine II.
Certains tissus contiennent des enzymes permettant la conversion d’angiotensinogène en angiotensine (protéases non rénine), directement en angiotensine II (cathepsine G, tonine), ou permettant la conversion non ACE dépendante d’angiotensine I en angiotensine II (cathepsine G, chymases). Il est en particulier mis en évidence que dans le cœur et le rein, les chymases contribuent à la conversion de l’angiotensine I en angiotensine II
3- Les récepteurs de l’angiotensine. Les effets de l’angiotensine II s’exercent sur des récepteurs transmembranaires couplés à des protéines G. Les deux sous-types de récepteurs sont les récepteurs AT1 et AT2. Ces deux récepteurs ont peu d’homologie de séquence.
La plupart des effets physiologique de l’angiotensine II (cf infra) est médiée par la stimulation des récepteurs AT1.
Le rôle fonctionnel des récepteurs AT2, considérés parfois comme des récepteurs cardioprotecteurs, est moindre, consistant en un effet antiproliférant, proapoptotique, vasodilatateur et antihypertenseur.
4- Effets physiologiques
L’effet principal du système rénine-angiotensine est d’assurer la régulation à court et long terme de la pression artérielle. L’angiotensine II a un effet vasoconstricteur très puissant (EC50 de 0,3 nM). De plus, elle est responsable d’une hypertrophie vasculaire et cardiaque, et d’une augmentation de la synthèse et du dépôt de collagène.
4-1 Les mécanismes responsables de l’augmentation des résistances artérielles périphériques induite par l’angiotensine II (Figure 1) sont :
a. Une vasoconstriction directe, générale, mais plus puissante au niveau rénal
b. Une augmentation de la neurotransmission adrénergique. Ce phénomène est lié :
a. à l’augmentation de la libération de noradrénaline des terminaisons nerveuses sympathiques
b. à une inhibition de la recapture de noradrénaline dans les terminaisons nerveuses sympathiques
c. à une augmentation de l’effet vasculaire de la noradrénaline.
c. Une augmentation des décharges sympathiques liée à un effet direct sur le système nerveux central
d. Une libération d’adrénaline par la médullosurrénale.
4-2 L’angiotensine II a pour effet rénal de diminuer l’excrétion urinaire de Na+ et d’augmenter l’excrétion urinaire de K+. Les mécanismes responsables de la modification des fonctions rénales par l’angiotensine II sont :
a. Un effet direct d’augmentation de la réabsorption de Na+ par stimulation des échangeurs Na+/K+ du tubule proximal et du symporteur Na+/K+/2Cl- de la branche ascendante de Henlé. Cet effet permet chez le sujet sain le maintien d’une pression artérielle stable malgré des variations très importantes d’apport sodé. Par exemple, en cas d’apport sodique faible, la rénine est libérée et l’angiotensine II agit sur le rein pour réabsorber le Na+.
b. Une libération d’aldostérone de la corticosurrénale, pour des concentrations d’angiotensine II n’ayant pas d’effet vasoconstricteur.
c. Une diminution du débit sanguin rénal par effet vasoconstricteur direct sur le système vasculaire rénal et indirect par l’augmentation du tonus sympathique systémique (lié à la stimulation du système nerveux central) et intrarénal.
d. Un effet variable sur le débit de filtration glomérulaire : en effet, des effets vasoconstricteurs sur les artérioles afférentes et efférentes du glomérule s’opposent. Chez le sujet sain, l’effet résultant est relativement neutre sur le débit de filtration glomérulaire . En cas d’hypertension réno-vasculaire, l’effet sur l’artériole efférente prédomine de façon à ce que l’angiotensine II augmente le débit de filtration glomérulaire. Ceci explique pourquoi un blocage brutal du système rénine angiotensine entraine une insuffisance rénale aigue en cas de sténose bilatérale des artères rénales. De façon générale, quand la pression de perfusion rénale est basse, l’angiotensine II, en contractant l’artériole efférente du glomérule permet de maintenir un débit de filtration glomérulaire suffisant.
Médicaments existants
Les médicaments du système rénine angiotensine sont classés en trois catégories. Il n’existe pas d’exception à l’application de racines de la dénomination commune internationale :
- Inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) : -pril ou -prilate
Parmi eux, seul le captopril comporte un groupement sulfhydryl
- Antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA II) -sartan
- Inhibiteurs de la rénine : -kiren
Le Tableau 1 indique également les indications des différents médicaments. Tous sont indiqués en première intention dans l’hypertension artérielle. Les autres indications diffèrent selon le niveau de preuve obtenu dans le cadre d’essais cliniques.
Hypertension artérielle |
Insuffisance cardiaque |
Post infarctus du myocarde récent |
Néphropathie diabétique avec ou sans HTA |
|
Inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine |
||||
Bénazépril |
X |
|||
Captopril |
X |
X |
X |
X |
Cilazapril |
X |
X |
||
Enalapril |
X |
X |
||
Fosinopril |
X |
X |
||
Imidapril |
X |
|||
Lisinopril |
X |
X |
X |
X |
Moexipril |
X |
|||
Perindopril |
X |
X |
X |
|
Quinapril |
X |
X |
||
Ramipril |
X |
X |
||
Trandolapril |
X |
X |
||
Zofénopril |
X |
X |
||
Antagonistes de l'angiotensine II |
||||
Candésartan |
X |
X* |
||
Eprosartan |
X |
|||
Irbésartan |
X |
X | ||
Losartan |
X |
X* | X | |
Olmésartan |
X |
|||
Telmisartan** |
X |
|||
Valsartan |
X |
X* |
X |
|
Inhibiteurs de la rénine |
||||
Aliskirène |
X |
*ces antagonistesdes récepteurs AT1 de l’angiotensine sont principalement indiqués dans l’insuffisance cardiaque en cas d’intolérance ou de contrindication aux IEC.
** indiqué en réduction de la morbidité cardiovasculaire chez les adultes présentant une maladie cardiovasculaire athérothrombotique connue ou un diabète de type 2 avec atteinte d'organe cible.
Mécanismes d’action des différentes molécules
Les médicaments inhibiteurs du système rénine angiotensine agissent à 3 niveaux, et sont abordés chronologiquement :
- Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC). Ces médicaments ont deux actions :
1- Ils inhibent la conversion de l’angiotensine I en angiotensine II. Leur effet est donc d’inhiber les effets liés à la synthèse d’angiotensine II.
2- Ils augmentent les concentrations de bradykinine (d’où une augmentation de la biosynthèse de prostaglandines bradykinine dépendantes)
Leur effet hypotenseur est réel mais modeste chez le sujet sain à apport sodique normal. Inversement, en cas d’activité rénine plasmatique élevée, l’effet hypotenseur est immédiat et soutenu. Cette situation est rarement rencontrée chez le sujet sain, mais sera présente chez les patients insuffisants cardiaques, et sujets traités par natriurétiques et à un moindre degré les hypertendus essentiels.
- Les antagonistes des récepteurs AT1 de l’angiotensine (ARA)
Ces médicaments sont 10 000 fois plus sélectifs pour le récepteur AT1 que le récepteur AT2. L’ordre d’affinité est le suivant : candésartan = olmésartan > irbésartan = éprosartan > telmisartan = valsartan > losartan.
Il s’agit d’inhibiteurs compétitifs, cependant leur antagonisme est souvent insurmontable (irréversible en présence d’angiotensine II) du fait de leur lente dissociation du récepteur. Ceci est un avantage en cas d’activation du système rénine angiotensine et permet une relative tolérance pour les oublis de dose.
Différents facteurs distinguent les antagonistes des récepteurs AT1 des IEC, mais restent à présent sans conséquences en termes de prise en charge thérapeutique :
a. Ils réduisent l’activation des récepteurs AT1 de façon plus efficace du fait de l’existence de voies accessoires de synthèse de l’angiotensine II hors enzyme de conversion
b. Ils permettent l’activation des récepteurs AT2. Comme les IEC, ils activent la synthèse de rénine. Cependant, l’absence de blocage de l’enzyme de conversion induit une augmentation importante des concentrations circulantes d’angiotensine II, disponible pour l’activation des récepteurs AT2.
c. Les IEC augmentent plus les concentrations d’angiotensine I que les ARA II
d. Les IEC augmentent les concentrations d’autres substrats de l’enzyme de conversion, telle que la bradykinine et le Ac-SDKP
- Les inhibiteurs de la rénine
La rénine est l'enzyme qui catalyse la formation d'angiotensine I à partir de l'angiotensinogène. Son inhibition empêche la formation d'angiotensine I. Les inhibiteurs de la rénine abaissent la pression artérielle, diminuent la concentration d'angiotensine I et II et d'aldostérone et, comme les IEC et ARA II, ils augmentent la concentration plasmatique de rénine.
Effets utiles en clinique
Les médicaments du système rénine-angiotensine sont indiqués dans différentes situations :
- L’hypertension artérielle essentielle est une indication commune à toute cette classe thérapeutique. Certains sont indiqués spécifiquement dans la prise en charge de l'atteinte rénale chez les patients adultes diabétiques de type 2, hypertendus, ou insuffisants rénaux modérés, dans les 2 cas avec protéinurie.
- L’insuffisance cardiaque est une indication restreinte à certains inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et antagonistes de l’angiotensine II (cf tableau). Parmi les antagonistes de l’angiotensine, le candésartan et valsartan sont indqiués en traitement de l'insuffisance cardiaque, avec dysfonction systolique ventriculaire gauche en cas d'intolérance aux inhibiteurs de l'enzyme de conversion ou en association avec un inhibiteur de l'enzyme de conversion chez les patients restant symptomatiques sous IEC.
- Le post-infarctus du myocarde récent : Traitement des patients cliniquement stables présentant une insuffisance cardiaque symptomatique ou une dysfonction systolique ventriculaire gauche asymptomatique post-infarctus du myocarde récent.
- La néphropathie protéinurique du diabète, qu’elle soit associée ou non à une hypertension artérielle est une indication de certains inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine.
- Le ramipril est indiqué dans la prévention des complications cardiovasculaires chez les patients à haut risque vasculaire (notamment les coronariens et les diabétiques), ayant une pathologie artérielle ischémique confirmée.
Pharmacodynamie des effets utiles en clinique
- L’hypertension artérielle est une indication commune à toute cette classe thérapeutique.
L’effet initial est corrélé à l’activité rénine plasmatique et aux concentrations d’angiotensine II, mais cette corrélation disparait lors du traitement au long cours. Il n’y a pas d’indication de quantification de ces paramètres, mais des précautions d’emploi dans les situations clinique à activité rénine plasmatique élevée. L'effet hypotenseur est lié à une diminution des résistantes artérielles périphériques, et ne s’accompagne ni d’une augmentation de la fréquence cardiaque ni du tonus sympathique. Une hyperkaliémie est principalement observée en cas d’insuffisance rénale, de prise concomitante de potassium ou de diurétiques épargneurs potassiques.
Les IEC et les ARA II ont une efficacité antihypertensive et une tolérance similaires dans l’HTA essentielle non compliquée. Seule les différencie la survenue d’une toux sèche, plus fréquente sous IEC, cédant à l’arrêt du traitement. En revanche, le coût du traitement est en général plus élevé avec un ARA II qu’avec un IEC.
- L’insuffisance cardiaque :
L’initiation du traitement doit être réalisée à posologie modérée et augmentée jusqu’à la dose maximale tolérée, la plus proche de celle de l’AMM, sans se baser sur l’amélioration des symptômes. L’introduction concomitante de diurétiques épargneurs potassiques doit être évitée ou réalisée avec prudence du fait du risque d’hyperkaliémie.
L’effet d’amélioration de la fonction myocardique est complexe. Les IEC induisent une réduction de la postcharge, de la contrainte pariétale systolique, et du débit cardiaque. Ils modifient également la géométrie cardiaque et réduisent la dilatation ventriculaire. Leur rôle bénéfique est établi en cas de dysfonction systolique, mais pas diastolique.
- Le post-infarctus du myocarde récent :
Les IEC réduisent la mortalité quand le traitement est débuté dans la période post infarctus immédiate.
- Les néphropathies diabétiquesprotéinuriques :
L’effet bénéfique est indépendant de l’effet anti-hypertenseur, et semble lié à la diminution de la filtration glomérulaire (d’où diminution de l’atteinte glomérulaire) liée à la diminution de la pression artérielle et à la dilatation des artérioles efférentes du glomérule.
Caractéristiques pharmacocinétiques utiles en clinique
De nombreux IEC sont des prodrogues inactives converties en agent actif (-prilate) par hydrolyse hépatique. La ½ vie donnée correspond dans ce cas à celle du métabolite actif.
Tous les médicaments sont pris en une prise quotidienne sauf le captopril (2 à 3 prises/j).
Demi-vie |
Absorption |
Métabolisme |
Elimination |
|
Inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine |
||||
Bénazépril |
10 h |
37 % |
Prodrogue |
Rénale |
Captopril |
2 h |
75 % |
Rénale |
|
Cilazapril |
9 h |
75 % |
Prodrogue |
Rénale |
Enalapril |
11 h |
60 % |
Prodrogue |
Rénale |
Fosinopril |
12 h |
35 % |
Prodrogue |
50 % Rénale et 50 % hépatique |
Imidapril |
24 h |
42 % |
Prodrogue |
50 % Rénale, 50 % feces |
Lisinopril |
12 h |
25 % |
Rénale |
|
Moexipril |
NA |
NA |
Prodrogue |
50 % Rénale, 50 % feces |
Perindopril |
17 h |
27 % |
Prodrogue |
Rénale |
Quinapril |
26 h |
60 % |
Prodrogue |
Rénale |
Ramipril |
15 h |
60 % |
Prodrogue |
50 % Rénale, 50 % bile |
Trandolapril |
16-24 h |
50 % |
Prodrogue |
Rénale |
Zofénopril |
5,5 h |
Prodrogue |
Rénale et biliaire |
|
Antagonistes de l'angiotensine II |
||||
Candésartan |
9 h |
34 % |
Prodrogue |
Rénale et biliaire |
Eprosartan |
7 h |
13 % |
hépatique par glucuroconjugaison |
Rénale et biliaire |
Irbésartan |
13 h |
70 % |
glucuroconjugaison et oxydation |
Rénale et biliaire |
Losartan |
7 h |
33 % |
Prodrogue |
Rénale et biliaire |
Olmésartan |
12 h |
25 % |
Prodrogue |
Biliaire sous forme inchangée |
Telmisartan |
20 h |
50 % |
Fèces sous forme inchangée |
|
Valsartan |
9 h |
23 % |
Rénale et biliaire |
|
Inhibiteurs de la rénine |
||||
Aliskirène |
40 h |
2 %, réduite après un repas riche en graisse, à prendre avec un repas léger |
non |
Fèces, sous forme inchangée |
Source de la variabilité de la réponse
1. Interactions médicamenteuses :
Interactions médicamenteuses |
Mécanisme et conséquences de l’interaction |
Sels de potassium et diurétiques épargneurs potassiques |
risque d'hyperkaliémie |
Anti inflammatoires non stéroïdiens |
risque majoré d'insuffisance rénale, et d’hyperkaliémie |
Diurétiques de l’anse et thiazidiques |
risque d'hypotension artérielle et/ou d'insuffisance rénale aiguë en cas de dépletion hydrosodée |
Lithium |
risque d'augmentation de la lithémie par diminution de l’excrétion |
2. Interactions non-médicamenteuses :
Globalement, la prise alimentaire diminue l’absorption de ces médicaments de façon modérée et variable, sans que ceci ait de conséquences pratiques
Situations à risque ou déconseillées
- En cas d'activation du système rénine-angiotensine, il existe un risque important d'hypotension artérielle sévère imposant la correction des facteurs associés et la prescription de doses modérées et progressives, sous surveillance clinique (pression artérielle) et biologique (kaliémie, créatininémie). Les situations classiques sont l’insuffisance cardiaque, le traitement intensif par diurétiques, les régimes désodés sévères, les états d’hypovolémie, les diarrhées ou vomissements.
- Chez les patients dont la fonction rénale dépend majoritairement de l'activité du système rénine-angiotensine-aldostérone, il existe un risque d'hypotension artérielle sévère et d’insuffisance rénale aiguë. Les situations classiques sont la sténose bilatérale des artères rénales, l'insuffisance cardiaque congestive sévère, ou une atteinte rénale sous-jacente.
- La majorité de ces médicaments est éliminée de façon prédominante par excrétion rénale, d’où une augmentation des concentrations plasmatiques en cas d’insuffisance rénale. Par conséquent, en cas d'insuffisance rénale, la posologie sera adaptée à la clairance de la créatininémie et la surveillance biologique (kaliémie, créatininémie) sera rapprochée du fait du risque de dégradation de la fonction rénale.
- Anesthésie : l'interruption du traitement est recommandée la veille de l'intervention du fait du risque de majoration du risque d'hypotension artérielle
- Injection de produits de contraste iodés. Risque majoré d’insuffisance rénale aiguë, il est conseillé d’interrompre le traitement 24 h avant.
Contrindications :
- Sténose bilatérale des artères rénales
- Œdème angioneurotique sous IEC
- Grossesse (passage placentaire) : Du fait de l’hypotension artérielle fœtale, survenue d’oligamnios, de retard de croissance, et de mort fœtale in utero. La prescription de médicaments du système rénine-angiotensine est formellement contrindiquée.
- Allaitement (passage)
Effets indésirables
Aux doses thérapeutiques :
Nature de l’effet indésirable |
Gravité |
Estimation de la fréquence |
En savoir plus sur l’effet indésirable |
Communs à toutes les molécules : |
|||
Hypotension orthostatique ou non |
modérée |
Fréquent |
Une chute brutale de la pression artérielle peut survenir après la première prise en cas de stimulation préalable du système rénine-angiotensine. |
Hyperkaliémie |
variable |
Rare |
Une augmentation de la kaliémie est principalement observée en cas d’insuffisance rénale, de prise concomitante de potassium ou de diurétiques épargneurs potassiques. |
Insuffisance rénale aiguë |
grave |
Rare |
Une prise en charge adaptée permet de récupérer une fonction rénale avec peu de séquelle en général |
Œdème angioneurotique |
grave |
Rare : 0,1 à 0,5 % sous IEC |
Lié à l’accumulation de bradykinine et à l’inhibition de l’inhibiteur de la fraction C1 du complément, plus fréquente sous IEC, plus fréquente chez les sujets mélanodermes |
Foetotoxicité |
très grave |
Exceptionnel |
Du fait de l’hypotension artérielle fœtale, survenue d’oligamnios, de retard de croissance, et de mort fœtale. La grossesse est une contrindication formelle. |
Plus spécifiques aux IEC : |
|||
Toux |
bénin |
Fréquent : 5 à 20 % pour les IEC, 1 à 3 % sous ARA II |
Toux sèche, survenant dans la semaine à 6 mois après initiation du traitement. Elle est liée à l’accumulation de bradykinine et substance P, et cesse dans les 4 jours après arrêt du traitement. |
Modification du goût, rashs cutanés |
bénin |
Rare |
Principalement liées au captopril |
Neutropénie |
Grave |
Rare |
Principalement en cas de néphropathie associée |
Spécifiques aux inhibiteurs de rénine : |
|||
Spécifique de l’olmésartan |
Grave |
Exceptionnel |
Entéropathie grave et imprévisible pouvant se manifester dans un délai de plusieurs mois/années par une diarrhée sévère |
Diarrhée |
bénin |
Fréquent : 2,4 % |
Intoxication aiguë et surdosage :
L'effet lié au surdosage est l'hypotension artérielle. En cas de surdosage, le patient sera étroitement surveillé et un traitement symptomatique sera administré.
Surveillance des effets
La surveillance des effets pharmacodynamiques est clinique (mesure de la tension artérielle) et biologique (kaliémie, clairance de la créatinine).
Il n’existe pas d’indication de suivi thérapeutique pharmacologique.