Les sources de variabilité de la réponse au médicament

Interactions médicament – environnement

Les deux principales sources environnementales d'interactions avec la pharmacodynamie des médicaments sont l'alcool et l'alimentation.
1. Alcool

La prise d’alcool a des effets significatifs sur la pharmacodynamie de certains médicaments. 
Ainsi, l’alcool a un effet sédatif et dépresseur du système nerveux central. Ces effets s’additionnent à ceux des benzodiazépines, des barbituriques, des antihistaminiques H1 sédatifs (prométhazine, alimémazine, buclizine, bromophéniramine, dexchlorphéniramine), des antidépresseurs imipraminiques sédatifs (amitriptyline, doxépine, maprotiline), des neuroleptiques (phénothiazines) et des opiacés (morphine, buprénorphine, méthadone, fentanyl,...).

L’alcool a des effets délétères sur les muqueuses gastro-intestinales : irritation et augmentation de la sécrétion d’acide gastrique. La prise d’alcool augmente le risque de survenue d’hémorragies gastro-intestinales lors de la prise d’aspirine et d’AINS par addition des effets gastriques.

L’alcool inhibe la néoglucogénèse. Il augmente le risque d’hypoglycémie avec les hypoglycémiants oraux (sulfamides, répaglinide). L’alcool augmente le risque d’acidose lactique avec la metformine.

Par ailleurs, les modifications pathologiques liées à l’éthylisme chronique ont des répercussions sur la pharmacodynamie de certains médicaments. La carence en vitamine B12 et en folate de l’éthylique chronique, ajoutée à la malabsorption de la vitamine B12 induite par la prise de metformine peut augmenter le risque de survenue d’anémie mégaloblastique.

2. Alimentation

La prise alimentaire modifie la pharmacodynamie de certains traitements médicamenteux.

La prise d’aliments riches en vitamine K (choux, navets, tomates, haricots verts, salade, brocolis, foie, abats, farines de poisson) s’oppose, par compétition, aux effets pharmacologiques des anti-vitamines K (warfarine, tioclomarol, acénocoumarol, fluindione, phénindione).

La réglisse contient de la glycirrhizine, qui a un effet de type aldostérone. La consommation excessive de réglisse est à éviter lors d’un traitement par un diurétiques anti-aldostérone (spironolactone, canrénote de potassium). Une consommation importante de réglisse induit une diminution de la kaliémie. En cas de prise de médicaments hypokaliémiants (diurétiques hypokaliémiants, laxatifs, amphotéricine B, corticoïdes), l’hypokaliémie qui est majorée peut s’avérer toxique. La réglisse par son effet hypokaliémiant majore les effets et la toxicité de la digoxine et augmente le risque de survenue de torsades de pointe lors de l’association à des médicaments allongeant l’espace QT.

La consommation d’aliments et boissons riches en tyramine (fromages, yaourts, charcuterie, thon, foie, viandes et poissons fumés, viandes conservées par salaison, fèves, bières, vin de Chianti, levure de bière) est à proscrire lors d’un traitement par un IMAO (inhibiteur de la monoamino oxydase) non sélectif tels que l’iproniazide. La tyramine dont le métabolisme est inhibé par l’IMAO, libère de la noradrénaline, provoquant un flush, des céphalées, voire une crise hypertensive sévère. C’est « l’effet fromage ». Ces restrictions alimentaires doivent être maintenues pendant au moins deux semaines après arrêt du traitement car l’inhibition des MAO-A et MAO-B est irréversible. L'intérêt d'une inhibition sélective A (IMAO-A : toloxatone, moclébémide) ou B (sélégiline) est de laisser persister l'une des activités MAO-A ou MAO-B, qui serait suffisante pour métaboliser la tyramine.