Les quinolones sont des antibiotiques bactéricides rapides, concentration-dépendants, à spectre antibactérien large et recommandés dans de nombreuses indications. Ces molécules présentent une très bonne biodisponibilité par voie orale avec une distribution très large.
Cependant, du fait de leur utilisation importante, les quinolones sont à utiliser raisonnablement afin de prévenir l'emergence de souches résistantes. Cette classe est susceptible par ailleurs d'entrainer des effets indésirables graves (tendinopathie, allongement du QT, troubles neuro-psychiques...).
Initialement considérée comme un dérivé secondaire de synthèse de la chloroquine, la première quinolone, l'acide nalidixique, a été découverte en 1958 par Georges Lesher et indiquée à partir de 1962 dans les infections du tractus urinaire. L'avènement des fluoroquinolones par l'ajout d'un atome fluor en position 6 a par la suite permis d'augmenter l'activité antibactérienne et d'élargir le spectre. Les premières fluoroquinolones datent des années 80 et les fluoroquinolones anti-pneumococciques (FQAP) des années 90.
Figure 1: structure de base des quinolones
Les quinolones sont le plus souvent classées par génération.
Classification:
Quinolone de première génération: essentiellement entérobactéries
Fluoroquinolones (2ème génération): élargissement vers SASM, pyo, intracellulaires
Fluoroquinolones urinaires
Fluoroquinolones systémiques
Fluoroquinolones anti-pneumococciques (3ème et 4ème génération): élargissement vers streptocoques et anaérobies
Les quinolones agissent par formation d’un complexe ternaire entre ADN et l'ADN gyrase (topoisomérases II) (gènes gyr A et gyr B ) ou les topoisomérases IV (gènes par C et par E). Ces enzymes sont directement impliquées dans les mécanismes de désenroulement et de superenroulement de l'ADN au cours de la réplication afin de faciliter l'action de l'ADN polymérase. L'activité antibactérienne Gram - passe surtout par l’inhibition des activités ADN gyrases tandis que l'activité anti-Gram+ semble passer par le blocage de la topoisomérase IV.
Figure 2: Mécanisme d'action des quinolones (adapté de Kohanski MA et al. Nature Reviews Microbiology, 2010)
Indications
Les fluoroquinolones diffusent partout et présentent un spectre très large: les indications sont nombreuses mais doivent être restreintes aux infections sévères
Principales indications:
Les fluoroquinolones ne doivent pas être prescrites pour traiter des :
Elles ne doivent pas être non plus utilisées pour prévenir les infections récidivantes des voies urinaires basses.
Les quinolones sont des antibiotiques bactéricides concentration-dépendants avec un effet post-antibiotique prolongé.
Spectre antibactérien
Biodisponibilité
La biodisponibilité orale des quinolones est excellente. L’absorption s’effectue au niveau du duodénum et du jéjunum.
Tableau 1 : Paramètres de biodisponibilité des fluroquinolones
Molécule | Biodisponibilité | t1/2 (h) | Posologie IV | Posologie orale |
Norfloxacine | 50 | 4-5 | - | 2x400 mg |
Péfloxacine | >90 | 10 | 2x400 mg | 2x400 mg |
Ciprofloxacine | 60-80 | 3-5 | 2x200 mg ou 2x400 mg | 2x500 mg ou 2x750 mg |
Ofloxacine | 85-95 | 5-7 | 2x200 mg | 2x200 mg |
Levofloxacine | >90 | 6-8 | 1x500 mg | 1x500 mg |
Moxifloxacine | 90 | 10 | 1x400 mg | 1x400 mg |
Distribution
Fluoroquinolones systémiques: diffusion exceptionnelle, partout (os, poumons, tissus mous, oeil...), faible poids, faible liaison aux protéines, lipophilie.
Volume de distribution important, risque de concentrations plasmatiques trop faibles avec risque de selection de mutant résistant.
Elimination
L’élimination est variable selon la molécule, inchangée dans l’urine ou sous forme de métabolites dans la bile.
Adaptation posologique en cas d'insuffisance rénale: ofloxacine, levofloxacine, ciprofloxacine
Adaptation posologique en cas d'insuffisance hépatique: moxifloxacine (CI en cas d'IH sévère)
Paramètres PK-PD pour le suivi thérapeutique pharmacologique
Pour les cocci Gram+: AUC/CMI>50
Pour les entérobactéries: AUC/CMI>250
Variabilité d'origine pharmacodynamique
Résistance
Acquisition de la résistance par palier allant d'une résistance de bas niveau à une résistance de haut niveau (cliniquement significative). Une résistance de haut niveau est associée à une accumulation de résistance.
Bas niveau de résistance:
Mécanisme par mutation chromosomique
Mutation de la cible
Imperméablilité de la paroie
Surexpression d'une pompe à efflux
Mécanisme par support plasmidique
Interactions médicamenteuses
cf. Situations à risque ou déconseillées
Variabilité d'origine pharmacocinétique
Modifications physiologiques et pathologiques des paramètres pharmacocinétiques
cf. Situations à risque ou déconseillées
Interactions médicamenteuses
cf. Situations à risque ou déconseillées
Contre-indications
Précaution d'emploi
Interactions médicamenteuses
Surveillance clinique et biologique en fonction du contexte.
Une réévaluation du traitement avec desescalade vers une molécule à spectre plus étroit est à envisager en fonction de l'antibiogramme.