La prégabaline est un anti-épileptique qui est indiqué dans les épilepsies partielles avec ou sans généralisation secondaire, en association, chez l'adulte. Elle est aussi indiqué dans le traitement des douleurs neuropathiques périphériques et centrales chez l’adulte. Enfin, une indication existe également pour le traitement du trouble anxieux généralisé chez l'adulte.
Sa tolérance est globalement bonne mais il est à noter des risques de somnolence, de confusion, voire d'irritabilité (en particulier chez le sujet âgé), de malformations chez la femme enceinte et surtout de mésusage/addiction.
Depuis Mai 2021, la prescription de prégabaline doit se faire, en France, sur ordonnance sécurisée obligatoirement.
Prégabaline – gélules (gélule allant de 25 mg à 300 mg)
Prégabaline – solution buvable
La posologie usuelle varie classiquement de 150 à 600 mg/j.
L’action thérapeutique reposerait sur un double mécanisme :
- Elle interviendrait sur l’excitabilité des neurones au niveau des canaux calciques voltage-dépendants membranaires en réduisant l’influx de calcium.
- Elle s’expliquerait aussi par son action au niveau de la transmission GABAergique, qu’elle majore, renforçant ainsi l’action inhibitrice du GABA.
La prégabaline est indiquée uniquement chez l'adulte:
- dans l’épilepsie, en association, dans le traitement des épilepsies partielles avec ou sans crises secondairement généralisées chez l’adulte
- dans les douleurs neuropathiques périphériques ou centrales de l’adulte
- dans le trouble anxieux généralisé de l’adulte
Le mécanisme d’action de la prégabaline est mal connu mais les effets thérapeutiques seraient, en partie, expliqués par son action sur la transmission GABAergique (acide gamma-aminobutyrique). La prégabaline est un analogue du GABA, et sa prescription conduit à une diminution des crises d’épilepsie dès la première semaine (résultats sur trois études pendant 12 semaines).
La prégabaline se lie également à des canaux calciques voltage-dépendants, sur une sous unité spécifique a2-δ. Cette fixation activerait les voies noradrénergiques descendantes (impliquées entre autres dans la douleur) et conduit à une analgésie. Les études, sur les neuropathies diabétiques et les névralgies post-zostériennes, sur 8 semaines minimum se sont révélées positives sur l’intensité de la douleur.
Enfin, les études sur le trouble anxieux généralisé, sur 4 à 6 semaines, ont montré un soulagement des symptômes anxieux.
La pharmacocinétique de la prégabaline est linéaire aux doses recommandées. Il n’est donc pas, à ce jour, recommandé de réaliser des contrôles de routine des concentrations plasmatiques en pratique clinique.
Absorption
La prégabaline est rapidement et bien absorbée après administration orale à jeun. Cette absorption peut être retardée avec la présence d’aliments. Toutefois, l'administration de la prégabaline au cours du repas n'entraîne pas d'effet cliniquement significatif sur son taux d'absorption. Ainsi, la prégabaline peut être pris au moment ou en dehors des repas.
Distribution
Elle est assez bien distribuée dans l’organisme. Elle est aussi très peu fixée aux protéines plasmatiques. Elle traverse les barrières hémato-encéphalique, foeto-placentaire et passe dans le lait.
Métabolisme
La prégabaline est très peu métabolisée.
Elimination
L’élimination est principalement rénale, sous forme très majoritairement inchangée, directement proportionnelle à la fonction rénale. La demi-vie est de 6,3 heures environ.
Il n’existe pas à l’heure actuelle d’interaction cliniquement significative avec la prégabaline (du fait que la molécule soit faiblement métabolisée).
Il existe par contre une possible potentialisation des effets sur les fonctions cognitives en association avec l’éthanol, le lorazépam, l’oxycodone et les autres médicaments dépresseurs du système nerveux central.
L’utilisation chez des patients âgés peut être dangereuse, en raison d’un risque de chutes, qui disparaît au fur et à mesure du traitement. L’introduction du traitement doit donc être précautionneuse.
Des données récentes retrouvent une augmentation du risque de malformation fœtale chez les femmes traitées par prégabaline durant la grossesse. Ainsi, la prégabaline ne doit pas être utilisée au cours de la grossesse sauf en cas d’absolue nécessité. De plus, les patientes traitées par prégabaline doivent être informées des risques malformatifs associés à la prise de ce traitement en cas de grossesse et une contraception efficace doit être utilisée pendant tout le traitement (ANSM 2022).
Chez le patient diabétique, une surveillance de la glycémie doit être instaurée en raison des risques de prise de poids.
Après un traitement par prégabaline, des symptômes de sevrage peuvent être observés.
Des données récentes de pharmacovigilance montre une augmentation des cas d’abus, de dépendance et de mésusage de la prégabaline. Ainsi, ce traitement doit être obligatoirement prescrit sur des ordonnances sécurisées (ANSM 2021).
Les effets indésirables les plus communs avec la prégabaline sont l’étourdissement, les vertiges, la somnolence, l’augmentation de l’appétit, la prise de poids, les troubles de l’érection et les troubles de la vision.
Ont été également rapportés :
- une toxicité centrale avec des symptômes psychiatriques tels que hallucinations, confusion, dépression, psychoses, difficulté à la concentration, labilité émotionnelle ; une atteinte du système nerveux avec ataxie, troubles de la mémoire, paresthésies
- une toxicité musculaire avec douleurs, crampes, contractions, arthralgies et rhabdomyolyse
- une toxicité cardiaque avec tachycardie, bloc auriculo-ventriculaire, arythmie.
Il convient aussi de rappeler les risques d’addiction liée à la prégabaline et le risque malformatif chez la femme enceinte.