Les anti-androgènes sont des molécules ayant pour but le blocage du récepteur des androgènes.
L'indication principale de cette classe pharmacologique est le traitement de l'adénocarcinome prostatique.
Voir également le chapitre Hormonothérapies anticancéreuses : les points essentiels (https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/hormonotherapies-anticancereuses-les-points-essentiels)
Introduction
Parmi les androgènes, c'est essentiellement la testostérone et la dihydrotestostérone qui sont capables d'activer le récepteur des androgènes.
Les organes produisant des androgènes sont : les testicules, les ovaires et les surrénales. Accessoirement : le foie, la peau et le tissu adipeux.
Cependant, le blocage de l'axe gonadotrope (LH) ne permet pas l'interruption totale de la production d'androgènes. En effet, la production extra-testiculaire d'androgènes est indépendante de LH. Dans le cas de l'adénocarcinome prostatique, il a été par ailleurs démontré que certaines cellules tumorales étaient capables produire les enzymes nécessaires à la synthèses des androgènes. Il est donc parfois nécessaire d'agir sur le récepteur des androgènes pour réaliser un "blocage androgénique complet".
Rôles physiologiques des androgènes :
1) La différentiation sexuelle mâle :
2) Effets centraux des androgènes
3) Effets anabolisants des androgènes :
Les effets secondaires des anti-androgènes sont surtout liés à la déplétion hormonale.
Il sont divisés en deux grandes catégories, les anti-androgènes stéroïdiens et la anti-androgènes non stéroïdiens (médicaments finissant par -utamine)
1) Les anti-androgènes stéroïdiens :
- Acétate de cyprotérone (ANDROCURE®)
2) Les anti-androgènes non stéroïdiens :
- Bicalutamide (CASODEX-ORMANDYL®)
- Enzalutamide (XTANDI®)
- Nilutamide (ANANDRON®)
1) Les anti-androgènes stéroïdiens :
L'acétate de cyprotérone (ANDROCURE®) est un progestatif de synthèse ayant un effet anti-androgénique et anti-gonadotrope. En d'autres termes : c'est un inhibiteur compétitif des récepteurs des androgènes qui participe aussi au rétro-contrôle négatif de la sécrétion de LH hypophysaire.
C'est la molécule la plus ancienne des anti-androgènes et elle bénéficie d'une AMM pour deux indications : le traitement du cancer de la prostate et la réduction des pulsions sexuelles dans les paraphylies.
2) Les anti-androgènes non-stéroïdiens :
Ils se fixent spécifiquement sur les récepteurs des androgènes et en inhibant la translocation du cytoplasme vers le noyau.
L'enzalutamide (inhibiteur de nouvelle génération) possède en plus une action sur la fixation du récepteur à l'ADN
Demi-vie plasmatique moyenne | |
Acétate de cyprotérone |
4 h |
Bicalutamide | 7 j |
Enzalutamide | 6 j |
Flutamide | 7 h |
Nilutamide | 2,5 j |
L'enzalutamide est un puissant inducteur enzymatique du CYP3A4. Il est aussi inducteur modéré du CYP2C9 et du CYP2C19.
La fraction liée à l'albumine des anti-androgènes est supérieure à 95%. Il existe un risque d'augmentation de la fraction libre de certains médicaments (AVK et AINS notamment). Ce risque a été démontré pour le Bicalutamide et le Flutamide.
Contres-indications :
Cyprotérone :
- Affection hépatique sévère (hors métastases hépatique d'un cancer de la prostate).
- Syndrome de Dubin-Johnson et syndrome de Rotor
- Maladies cachexiantes (hors cancer de la prostate)
- Dépression chronique sévère
- Anémie falciformes
- Existence ou antécédent de méningiome
- Dans le cadre d'un traitement des pulsions d'une paraphylie uniquement : adolescent en cours de croissance
Enzalutamide :
- Association avec le cabazitaxel, le praziquantel, le télaprevir, le voriconazole et les inhibiteurs de protéases boostées par le ritonavir
Futamide et Bicalutamide :
- Insuffisance hépatocellulaire sévère
Nilutamide :
- Insuffisance respiratoire sévère
- Insuffisance hépatocellulaire sévère
Précaution à prendre :
Pour tous les anti-androgènes :
- Risque d'allongement du QT (du fait de la suppression androgénique)
Spécifiquement au Nilutamide :
- Risque de pneumopathie interstitielle (nilutamide)
- Effet antabuse possible
Spécifiquement à l'Enzalutamide :
- Risque de convusions
1) Surveillance recommandée avant le début du traitement :
- Bilan biologique chez les patients atteints d'une affection hépatique, un diabète ou une intolérance au glucose
2) Surveillance recommandée après l'instauration du traitement :
- Bilan biologique hépatique tous les 4-6 semaines
- NFS régulière en cas de cancer de la prostate (anémie)
3) Il est impératif d'arrêter le traitement si :
- Ictère
- Elévation des transaminases (>3N en pratique courante)
- Troubles occulaires
- Accidents thrombo-embolique veineux ou artériels
- Céphalées importantes
Effet secondaires fréquents et communs à tous les représentant de la classe :
- Conséquent à la privation androgénique : impuissance, perte de libido, bouffées de chaleur, gynécomastie, atrophie testiculaire, diminution de la pilosité, humeur dépressive, asthénie, prise de poids, perte musculaire
- Nausées, vomissement, céphalées
- Anémie
- Augmentation transitoire des transaminases, parfois hépatotoxicité dose dépendante
Spécifiquement à l’acétate de cyprotérone :
- Effet diabétogène (progestatif macrodosé) réversible à l'arrêt
- Événements thromboemboliques (imputabilité du médicament non démontrée)
- Très rares cas de tumeurs bénignes ou malignes
Spécifiquement au Flutamide :
- Effet méthemoglobinisant
Spécifiquement au Nilutamide :
- Trouble de l’accommodation à l'obscurité (héméralopie), cécité nocturne (fréquent)
- Pneumopathie interstitielle (2%), les premiers mois surtout