Le glaucome est une souffrance du nerf optique qui se traduit par la détérioration du champ visuel et l’évolution possible vers la cécité. Il en existe plusieurs types, essentiellement le glaucome primitif à angle ouvert, chronique et la crise aiguë par fermeture de l'angle ("glaucome aigu"). Dans la majorité des cas il existe une augmentation de la pression intraoculaire, conséquence de l’altération de l’écoulement de l’humeur aqueuse.
Dans le glaucome primitif à angle ouvert, forme clinique la plus fréquente, l’augmentation de la pression intraoculaire résulte principalement d’un défaut de perméabilité du trabéculum, treillis de fibres situées dans l’angle entre l’iris et la cornée, qui filtre l’humeur aqueuse avant son écoulement dans le canal de Schlemm.
Les médicaments proposés dans cette pathologie ont pour but de diminuer la pression intraoculaire en favorisant l'évacuation de l’humeur aqueuse (prostaglandines, parasympathomimétiques, sympathomimétique agonistes alpha et bêta sous forme de collyre) et/ou en réduisant la synthèse de ce liquide biologique (bêta-bloquants et sympathomimétiques agonistes alpha-2 sélectifs sous forme de collyre, inhibiteurs de l’anhydrase carbonique sous forme de collyre ou par voie orale).
Par ailleurs, un traitement chirurgical est également possible.
La crise aiguë par fermeture d'angle survient quant à elle généralement sur des yeux prédisposés où l’angle entre l’iris et la cornée est étroit ou fermé.
Une crise aiguë peut se produire sous l’effet de médicaments aux propriétés anti-cholinergiques, sympathomimétiques ou anti-histaminergiques et/ou lorsque survient une mydriase (dilatation de la pupille).
L’iris se replie alors et comble l’angle entre irido-cornéen empêchant ainsi le drainage normal de l’humeur aqueuse par le canal de Schlemm.
Outre l’arrêt des substances aux effets mydriatiques et de tout médicament qui majore la fermeture de l’angle irido-cornéen, le traitement médical vise en premier lieu à diminuer rapidement la synthèse d’humeur aqueuse (acétazolamide par voie intra-veineuse) et d’autre part à faire céder le blocage mécanique à son élimination au niveau du canal de Schlemm par l’utilisation d’un collyre parasympathomimétique qui permet l’obtention d’un myosis (fermeture de la pupille liée à un redéploiement de l’iris).
Un tel traitement permet par ailleurs de préparer le patient à une future intervention chirurgicale.
Le glaucome est la traduction d’une souffrance puis d’une destruction du nerf optique qui se développe sous l’influence de plusieurs facteurs, dont notamment l’augmentation de la pression intraoculaire.
Si des altérations de la circulation intraoculaire de l’humeur aqueuse expliquent le plus souvent l’élévation de la pression intraoculaire, toutes les hypertonies oculaires n’entraînent pas nécessairement un glaucome. De même, il existe par ailleurs des glaucomes à pression oculaire normale.
D’un point de vue physiologique, l’humeur aqueuse est un liquide produit en permanence par le corps ciliaire, ensemble de petites glandes situées à la partie postérieure de l’iris. Ce liquide circule à travers la chambre antérieure de l’œil d’où il est éliminé essentiellement par l’intermédiaire du canal de Schlemm après filtration par le trabéculum, un treillis de fibres situées dans l’angle entre l’iris et la cornée. Une partie de l’humeur aqueuse (10 % environ) est quant à elle éliminée à travers la sclère.
L’élévation de la pression oculaire dans le glaucome primitif à angle ouvert, le plus fréquent des glaucomes, résulte d’un défaut de perméabilité du trabéculum.
En revanche, dans la crise aiguë par fermeture de l'angle, la symptomatologie est le plus souvent consécutive à la survenue d’une mydriase (dilatation de la pupille), alors responsable d’un blocage de la sécrétion de l’humeur aqueuse au niveau du canal de Schlemm.
Les médicaments aux propriétés anti-cholinergiques, sympathomimétiques augmentent eux aussi le risque de survenue d’une crise aiguë chez les patients porteurs d’un angle irido-cornéen étroit ou fermé.
De nombreux médicaments peuvent être utilisés pour leurs effets favorables sur le tonus oculaire via la diminution de synthèse de l’humeur aqueuse (bêta-bloquants et sympathomimétiques agonistes alpha-2 sélectifs, inhibiteurs de l’anhydrase carbonique) ou l’augmentation de son élimination (prostaglandines, parasympathomimétiques, sympathomimétique agonistes alpha et bêta).
Compte tenu de la physiopathologie du glaucome, le principal mode d’administration des médicaments anti-glaucomateux est représenté par la voie locale sous forme de collyre mais certains de ces médicaments, comme les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique, peuvent aussi être utilisés par voie générale notamment par voie orale ou intra-veineuse.
Tableau 1 : Médicaments du glaucome
Mécanisme |
Classe (mode d’administration) |
Médicaments |
Diminution de la synthèse d’humeur aqueuse |
Bêta-bloquants (collyre) |
bétaxolol |
Sympathomimétiques agonistes sélectifs alpha-2 (collyre) |
apraclonidine |
|
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (collyre) |
brinzolamide |
|
Inhibiteur de l’anhydrase carbonique (per os) |
acétazolamide |
|
Augmentation de l’élimination d’humeur aqueuse |
Parasympathomimétiques myotiques (collyre) |
pilocarpine |
Prostaglandines (collyre) |
bimatoprost |
|
Associations de médicaments anti-glaucomateux |
bêta-bloquant + inhibiteur de l'anhydrase carbonique (collyre) |
timolol + brinzolamide |
bêta-bloquant + analogue de prostaglandines (collyre) | timolol + latanoprost timolol + bimatoprost timolol +travoprost |
|
bêta-bloquant + sympathomimétiques agonistes sélectifs alpha-2 (collyre) | timolol + brimonidine | |
inhibiteur de l'anhydrase carbonique + analogue de prostaglandines (collyre) | brinzolamide + brimonidine |
Tableau 2. Médicaments utilisés dans la crise aiguë par fermeture de l'angle
Mécanisme |
Classe (mode d’administration) |
Médicaments |
Diminution de la synthèse d’humeur aqueuse |
Inhibiteur de l’anhydrase carbonique (voie injectable) |
acétazolamide |
Diminution de l'hydration du globe oculaire | Diurétique osmotique (voie injectable) | mannitol |
La diminution de la pression intraoculaire peut être obtenue par deux mécanismes différents : diminution de la synthèse de l’humeur aqueuse et/ou augmentation de son élimination.
La diminution de la synthèse de l’humeur aqueuse peut être obtenue par l’utilisation d’inhibiteurs de l’anhydrase carbonique par voie locale ou générale. En effet, l’anhydrase carbonique favorise, au niveau du corps ciliaire, la production de protons, qui participent aux flux sodique trans-épithélial à l’origine du flux d’eau qui forme l’essentiel de l’humeur aqueuse. Les bêta-bloquants et les sympathomimétiques agonistes sélectifs des récepteurs alpha-2 permettent également d’obtenir une diminution de la sécrétion d’humeur aqueuse en modulant l’activité de l’adényl-cyclase, enzyme présente dans le corps ciliaire importante dans la production d’humeur aqueuse.
L’écoulement de l’humeur aqueuse peut quant à lui être facilité par l’utilisation de parasympathomimétiques myotiques (qui stimulent la fermeture de la pupille). Ces médicaments, en stimulant le myosis, augmente l'écoulement de l'humeur aqueuse, suite à la désobstruction de l'accès au canal de Schlemm par le redéploiement de l'iris. L’efficacité sur la diminution de la pression intraoculaire des parasympathomimétiques est toutefois limitée par une discrète augmentation de la production de l’humeur aqueuse.
Enfin, les prostaglandines permettent d’améliorer l’excrétion de l’humeur aqueuse par l’augmentation de son écoulement à travers la sclère.
L’élévation de la pression intraoculaire est un facteur de risque déterminant de l’atteinte visuelle. Plusieurs études ont montré un bénéfice du traitement antiglaucomateux sur le risque de détérioration de la fonction visuelle (Rapport HAS, Dépistage et diagnostic précoce du glaucome : problématique et perspectives en France, 2006; Kass et al. Arch Ophthalmol2002, Heijl et al. JAMA Ophthalmology 2022).
Dans l’hypertension intraoculaire simple qui se définit par une pression intraoculaire supérieure à 21 mm de mercure alors que l’angle irido-cornéen est ouvert et qu’il n‘existe aucune atteinte visuelle caractéristique du glaucome, l'intérêt ou non d'un traitement antiglaucomateux doit être discuté avec un spécialiste.
Dans le glaucome primitif à angle ouvert, diminuer la pression oculaire permet de contrôler l'évolution de la maladie. Le traitement s'appuie en règle générale d'abord sur des traitements locaux, en monothérapie, si besoin en bi- (voire en tri-) thérapie. En cas de résistance au traitement local, un traitement par voie générale (inhibiteur de l’anydrase carbonique, l’acétazolamide) peut être envisagé en association avec les collyres (rare en raison des effets indésirables de type troubles hydro-électrolytiques, paresthésies, lithiases rénales). Enfin, différentes types de laser ou de techniques chirurgicales peuvent également être indiqués.
La crise aiguë par fermeture de l'angle est quant à elle une urgence thérapeutique. Le traitement médical peut utiliser des collyres hypotonisants (bétabloquants, alpha-2 agonistes), des collyres myotiques (pilocarpine), les traitements systémiques (inhibiteur de l'anhydrase carbonique et mannitol intra-veineux), complété ensuite par un traitement par laser, voire chirurgical. Les molécules qui favorisent la mydriase telles que les sympathomimétiques mydriatiques sont contre-indiquées.
En fonction de leurs propriétés physico-chimiques et de l’écoulement lacrymal, seuls 10 à 20% environ des principes actifs pénètrent dans l’œil lorsque les traitements sont administrés par voie locale sous forme de collyre.
Les données disponibles sur la pharmacocinétique liée à l’administration oculaire restent cependant partielles et sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Médicaments |
Pro-médicament (hydrolyse intraoculaire) |
Absorption cornéenne (liposolubilité) |
T-max dans l’humeur aqueuse |
T-½ d’élimination dans l’humeur aqueuse |
Nombre d’instillation par jour |
bétaxolol |
non |
+ + + + + + |
30 min |
2 |
|
cartéolol |
non |
+ |
2 |
||
cartéolol LP |
non |
+ (F=20 %) |
1 |
||
lévobunolol |
non |
+ + + |
2 |
||
timolol |
non |
+ + |
2 |
||
timolol LP |
non |
+ + |
1 |
||
apraclonidine |
non |
2 heures |
2 heures |
3 |
|
brimonidine |
non |
2 | |||
brinzolamide |
non |
||||
dorzolamide |
non |
||||
pilocarpine |
non |
5 min |
4 (pilocarpine seule) 2 (pilocarpine + timolol ou cartéolol) |
||
bimatoprost |
non |
1 |
|||
latanoprost |
oui |
2 heures |
1 |
||
travoprost |
oui |
1 – 2 heures |
1,5 heures |
1 |
Toutefois, certains de ces principes actifs sont absorbés dans la circulation générale. Les concentrations plasmatiques restent faibles mais peuvent néanmoins être suffisantes après administration répétée pour être à l’origine d’effets indésirables. Ceci explique par ailleurs l’existence de certaines contre-indications à l’utilisation de ces médicaments anti-glaucomateux.
Concernant l’acétazolamide qui est utilisée par voie générale (orale ou intra-veineuse), la pharmacocinétique est un peu mieux connue. Par voie orale, l’absorption digestive est rapide. D’autre part, la liaison aux protéines plasmatiques est importante (90 à 95%). La demie-vie d’élimination plasmatique est d’environ 5 heures alors que l’élimination par voie urinaire sous forme non métabolisée est totale en 24 heures.
La variabilité de la réponse peut s’envisager à 2 niveaux : localement avec notamment un risque d’interaction entre les différents collyres lorsqu’ils sont utilisés en association, et sur le plan systémique avec cette fois un risque de complication générale ou d’interaction avec des médicaments administrés par ailleurs.
Au niveau oculaire, les 2 aspects particuliers qu’il faut envisager sont la possibilité d’une interaction entre collyres et le problème mécanique posé par les lentilles de contact qui peuvent limiter l’absorption et l’efficacité du traitement. Dans la mesure où le traitement du glaucome nécessite parfois l’association de plusieurs collyres, il est conseillé d’attendre au moins 5 minutes entre chaque instillation afin d’éviter la possible perte lacrymale de principes actifs liée à une formation de larmes accrues lors de la co-administration de collyres.
D’autre part, chez les patients porteurs de lentille de contact, il est évidemment recommandé de retirer les lentilles avant l’instillation des gouttes et de ne les remettre en place que 15 minutes après l’instillation dans la mesure où la bio-disponibilité intraoculaire est fortement modifiée par le port de lentilles de contact.
Sur le plan systémique, une surveillance accrue des effets des agonistes des récepteurs alpha est recommandé, notamment en cas d’association avec des médicaments susceptibles d’agir sur la transmission noradrénergique. L’association avec les inhibiteurs de la monoamine oxydase, les antidépresseurs tricycliques ou des sympathomimétiques systémiques est par ailleurs contre indiquée (CI).
Selon la classe de médicament utilisé, des restrictions de prescription peuvent exister, notamment chez le sujet âgé, l’enfant, l’insuffisant hépatique ou rénal.
Ainsi, l’acétazolamide est contre-indiqué en cas d'insuffisance rénale ou hépatique sévère.
En raison d’un effet inhibiteur de l’anhydrase carbonique au niveau du tubule rénal, il possède un effet diurétique avec augmentation de la diurèse aqueuse, forte élimination des bicarbonates, et à un moindre degré du sodium et du potassium.
De même, les effets de l’acétazolamide sur le métabolisme de l’ammoniaque pouvant entraîner un coma hépatique justifie la contre-indication en cas d’insuffisance hépatique.
L'association de bêta-bloquants en collyre et de bêta-bloquants par voie générale doit faire l'objet d'une surveillance étroite.
Médicaments |
Insuffisance rénale (IR) |
Insuffisance hépatique (IH) |
Sujet âgé |
Enfant et nouveau-né (NN) |
bétaxolol |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
- |
cartéolol |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
- |
lévobunolol |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
- |
timolol |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
Adaptation posologie* |
- |
apraclonidine |
Surveiller effets systémiques + + |
Surveiller effets systémiques + + |
Pas d’adaptation posologie |
Contre-indication |
brimonidine |
- |
- |
Pas d’adaptation posologie |
Contre-indication (NN) |
acétazolamide |
Contre-indication si IR sévère |
Contre-indication si IH sévère |
Précautions d’emploi (QS) |
Enfant > 6 ans : 5-10 mg/kg/j |
brinzolamide |
Contre-indication si IR sévère |
- |
Pas d’adaptation posologie |
- |
dorzolamide |
Contre-indication si IR sévère |
- |
Pas d’adaptation posologie |
non recommandé |
pilocarpine |
- |
- |
- |
- |
bimatoprost |
- |
- |
Pas d’adaptation posologie |
- |
latanoprost |
- |
- |
Pas d’adaptation posologie |
- |
travoprost |
Pas d’adaptation posologie |
Pas d’adaptation posologie |
Pas d’adaptation posologie |
- |
Tableau : Contre-indications des médicaments anti-glaucomateux
Classe |
Médicaments |
Contre-indications |
Bêta-bloquants |
timolol |
- Insuffisance cardiaque non contrôlée - Hypotension artérielle |
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique |
acétazolamide |
- Coliques néphrétiques (car alcalinisation du pH urinaire) |
brinzolamide |
- Insuffisance rénale sévère |
|
Sympatho-mimétiques |
apraclonidine |
- Antécédents de pathologies cardiovasculaires sévères ou instables, non contrôlées (effets systémiques sympathiques potentiels) |
Prostaglandines |
bimatoprost |
- Hypersensibilité au produit |
En raison d’un passage systémique des collyres anti-glaucomateux, leur utilisation doit être limitée chez la femme enceinte où un risque fœtal existe. En particulier, les inhibiteurs de l'anhydrase carbonique ne doivent pas être prescrits en raison du risque de tératogénicité et les prostaglandines sont à éviter en raison des risques potentiels d'accouchement prématuré.
Catégorie B : les études animales sont négatives mais il n'y a pas de données contrôlées disponibles chez la femme ou les études animales sont positives mais non confirmées chez la femme. |
Catégorie C : les études animales sont positives mais il n'y a pas de données disponibles dans l'espèce humaine, il faut donc évaluer le rapport bénéfice/risque. |
brimonidine |
timolol |
Un faible passage dans le lait maternel des principes actifs présents dans la circulation sanguine est aussi observé durant l’allaitement justifiant la limitation de l’utilisation des anti-glaucomateux dans ce contexte.
Le risque de survenue d’effets systémiques des principes actifs chez le nouveau né sont d’autant plus marqués que celui ci souffre de pathologies rénales ou hépatiques. Si le rapport bénéfice (pour la mère) / risque (pour le nouveau né) est en faveur de l’utilisation des collyres antiglaucomateux, il convient d’instiller le collyre immédiatement après la tétée afin de limiter les concentrations en principes actifs dans le lait au moment de la tétée suivante.
Afin de limiter le passage systémique des principes actifs lors de leur instillation oculaire, notamment chez les sujets à risque, il est recommander de maintenir les paupières en position fermée et d’exercer une pression manuelle sur les points lacrymaux. Néanmoins, des précautions supplémentaires doivent être mises en place dans certaines circonstances particulières.
Ainsi, bien que les effets systémiques des bêta-bloquants administrés sous forme de collyre soient rares, ce risque est accru si le patient reçoit des bêta-bloquants par voie générale. Pour les sujets diabétiques, il convient alors de renforcer l’auto-surveillance glycémique en début de traitement, les bêta-bloquants pouvant modifier la glycémie et masquer les signes annonciateurs d’une hypoglycémie (tachycardie, sueurs, palpitations).
Du fait de la relative sélectivité pour les récepteurs b1 du bétaxolol, l’asthme ou les bronchopneumopathies chroniques obstructives, la maladie de Raynaud et les troubles circulatoires périphériques ne sont pas des contre-indications absolues à l’utilisation de ce médicament mais une surveillance accrue reste cependant nécessaire. En revanche, pour d'autres molécules comme le timolol, non cardio-sélectif, les bronchopneumopathies chroniques obstructives sévères, l'insuffisance cardiaque et certains troubles du rythme restent des contre-indications.
Les traitements bêta-bloquants ne doivent pas être interrompus brutalement et en raison d’une diminution possible de la sensibilité au traitement après une utilisation prolongée, il convient de vérifier chaque année l’absence d’échappement thérapeutique.
Concernant les médicaments sympathomimétiques, ils doivent être utilisés avec prudence chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires. La pilocarpine, un parasympathomimétique, peut être utilisée chez les patients myopes à condition d’avoir vérifié l’état de la périphérie rétinienne (risque de décollement de la rétine).
L’utilisation de l’acétazolamide doit faire l’objet d’une surveillance du ionogramme sanguin, de la glycémie, de l’uricémie et de la formule sanguine en cas d’utilisation au long cours, particulièrement chez les sujets à risque tels que les sujets âgés. Enfin, les prostaglandines doivent être utilisés avec précaution chez les sujets aphaques (risque d’œdème maculaire) et chez les patients asthmatiques (risque d’aggravation de l’asthme).
Les effets indésirables des traitements anti-glaucomateux sont répartis en 2 grandes catégories : les effets indésirables oculaires qui concernent les traitements administrés par voie locale et les effets indésirables systémiques que l’on retrouve à la fois avec certains traitements par voie locale et lors de traitement par voie générale, notamment avec l’acétazolamide.
Tableau : Effets indésirables oculaires des anti-glaucomateux
Nature de l’effet |
Gravité |
Fréquence |
Pour en savoir plus |
|
Sympathomimétiques agonistes alpha-2 sélectifs |
Irritation oculaire |
Modérée |
Très fréquent (>1 patient/10) |
Comprends les réactions allergiques impliquant l’arrêt du traitement |
Vision trouble |
Modérée |
Très fréquent |
||
Bêta-bloquants |
Irritation oculaire |
Faible |
Très fréquent |
Diminution de la sécrétion lacrymale rendant parfois impossible le port des lentilles de contact. |
Décollement de la choroïde |
Potentiellement très grave |
Rare |
Conséquence d’une hypotonie oculaire et/ou compliquant le traitement chirurgical. |
|
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (collyre) |
Gêne oculaire |
Modérée |
Fréquent |
Possibles troubles de la vision ou brûlure lors de l’instillation. |
Rare |
Conjonctivite ou prurit oculaire. |
|||
Parasympatho-mimétiques myotiques |
Altération de la vision |
Modérée |
Fréquent |
Myosis, spasme de l’accommodation, augmentation de la sécrétion lacrymale, opacité cristalliniennes au long cours. |
Décollement de la rétine |
Potentiellement très grave |
Rare |
Principalement chez les myopes d’âge jeune. |
|
Prostaglandines |
Augmentation de la pigmentation brune de l’iris |
Faible |
Fréquent |
La modification de la couleur de l’iris peut être définitive chez des sujets pré-disposés. |
Modification des cils |
Faible |
Fréquent |
Cils plus longs et plus épais. |
|
Gêne oculaire |
Modérée |
Fréquent |
Prurit oculaire et brûlure lors de l’instillation. |
|
Œdèmemaculaire |
Potentiellement très grave |
Rare |
Survient surtout chez les patients aphaques |
|
Sympathomimétiques mydriatiques agonistes alpha et bêta |
Congestion oculaire |
Modérée |
Fréquent |
|
Sensation de brûlure |
Modérée |
Fréquent |
||
Altération de la vision |
Modérée |
Fréquent |
Tableau 10 : Effets indésirables systémiques des anti-glaucomateux
Nature de l’effet |
Gravité |
Fréquence |
Pour en savoir plus |
|
Bêta-bloquants |
Troubles du rythme |
Potentiellement très grave |
Rare si respect des CI |
Bradycardie et majoration d’un BAV |
Effets respiratoires |
Potentiellement très grave |
Rare si respect des CI |
Crise d’asthme et aggravation d’une BPCO |
|
Effets vasculaires |
Potentiellement très grave |
Rare si respect des CI |
Aggravation d’un syndrome de Raynaud et de l’artériopathie des membres inférieurs |
|
Effets cardiaques |
Potentiellement très grave |
Rare si respect des CI |
Insuffisance cardiaque aiguë |
|
Fatigue |
Faible |
Rare |
||
Sympathomimétiques agonistes alpha-2 sélectifs |
Réactions allergiques générales |
Potentiellement très grave |
Peu fréquent (>1 /1000 et < 1 /100) |
|
Troubles cardio-respiratoires |
Grave |
Peu fréquent |
Palpitations, arythmie. |
|
Maux de tête |
Modérée |
Très fréquent (> 1/10) |
||
Dépression |
Modérée |
Peu fréquent |
||
Sécheresse buccale |
Faible |
Très fréquent |
||
Fatigue |
Faible |
Très fréquent |
||
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (collyre) |
Troubles gastro-intestinaux |
Faible |
Fréquent |
Modification du goût. |
Rare |
Nausées. |
|||
Système nerveux central |
Modérée |
Fréquent |
Maux de tête. |
|
Rare |
Paresthésie, dépression, vertiges. |
|||
Effets respiratoires |
Modérée |
Rare |
Rhinite, dyspnée, bronchite |
|
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique |
Effets métaboliques |
Modérée |
Fréquent |
Diabète, hypokaliémie avec acidose métabolique, perturbation du métabolisme de l’ammoniaque (coma hépatique) |
Hyperuricémie |
Modérée |
Fréquent |
Crises de goutte |
|
Effets rénaux |
Grave |
Peu fréquent |
Lithiases urinaires |
|
Système nerveux central |
Faible |
Rare |
Asthénie |
|
Troubles hématologiques |
Potentiellement très grave |
Très rare |
Purpura thrombocytopénique, agranulocytose, aplasie médullaire. |
|
Réactions d’hypersensibilité |
Potentiellement très grave |
Très rare |
Rashs cutanés et fièvre. |
|
Parasympatho-mimétiques myotiques |
Système nerveux central |
Invalidant |
Rare |
Maux de tête. |
Autres effets para-sympathiques |
Modérée |
Rare |
Diarrhées, broncho-constriction et hypersécrétions bronchique, sudorale, salivaire et lacrymale. |
|
Prostaglandines |
Système nerveux central |
Modérée |
Rare |
Maux de tête. |
Effets cardio-vasculaires |
Modérée |
Rare |
Hypotension et bradycardie |
|
Effets respiratoires |
Modérée |
Rare |
Asthme |
|
Effets cutanés |
Faible |
Rare |
Éruptions cutanées |
|
Sympathomimétiques mydriatiques agonistes alpha et bêta |
Effets cardio-vasculaires |
Grave |
Rare |
Tachycardie, arythmie
|
La surveillance d’un glaucome repose sur la mesure de la pression oculaire, l’examen de la papille optique et l’évaluation du champ visuel. L’objectif est d’atteindre une pression intraoculaire qui ne provoquera plus d’atteinte de la papille optique et du champ visuel. La pression intraoculaire normale est comprise entre 10 et 21 mm Hg. Cette surveillance sera effectuée tout au long de la vie du patient. La normalisation de la pression intraoculaire nécessite un traitement au long cours.